C’est un secret de polichinelle que de dire que les relations maroco-espagnoles sont au point mort depuis la crise provoquée par l’affaire Benbattouche. A preuve, malgré les déclaration de bonnes intentions, les négociations entre les deux pays traînent en longueur. Autant dire que le royaume n’a pas encore constaté chez le voisin du nord un changement dans ses positions sur certains dossiers qui lui permet de rétablir la confiance perdue.
Ce retard à l’allumage suscite chez une large frange de la classe politique et les médias espagnols une certaine inquiétude, si ce n’est pas de la méfiance tout court. C’est ainsi que depuis juillet dernier, l’Espagne voit dans chaque action du Maroc, aussi souveraine soit-elle, un signal négatif. Voire une riposte au coup d’épée dans le dos que Pedro Sanchez avait traitreusement donné au Maroc en accueillant le tortionnaire en chef du Polisario.
C’est ce qui ressort d’un article du journal Okdiaro daté du mercredi 27 octobre qui n’hésite pas à titrer: « Le Maroc se moque, encore, de Sanchez en autorisant Israël à faire des explorations dans les eaux territoriales des Iles Canaries !!! ».
Le journal fait référence à l’accord conclu par L’Office national marocain des hydrocarbures et des mines (ONHYM) avec la société israélienne Ratio Petroleum Energy pour l’exploration pétrolière et gazière sur les côtes de Dakhla.
En évoquant les Iles Canaries, le journal oublie ou feint d’oublier que le Maroc a adopté, le 22 janvier, deux lois redéfinissant les limites de son domaine maritime et l’extension de sa zone économique exclusive à 200 milles marins. Une décision souveraine mais qui n’a pas plû aux Espagnols même si le royaume a agi dans le strict respect du droit international en délimitant son espace maritime.
Il faut rappeler que l’Espagne comme la France et certains pays de l’UE voient d’un mauvais œil le renforcement des partenariats du royaume avec les États-Unis, Israël, la Grande Bretagne, la Chine et autres: « Pedro Sanchez a reçu une nouvelle gifle de Rabat, allié stratégique des États-Unis, en accordant à Israël une licence exclusive d’exploration pétrolière et gazière sur la côte de Dakhla. Une exploration qui s’étendra aux eaux maritimes des Îles Canaries… !? ».
Comme certains politiques, le media espagnol croit fermement que cet accord signé avec Israël est une conséquence directe de la crise provoquée par l’affaire Benbattouche: « Cette prospection au large des Îles Canaries aurait pu être moins défavorable à l’Espagne si Arancha González Laya avait tenu compte des liens stratégiques noués avec le Maroc au lieu de faire entrer illégalement le chef du Polisario sur le territoire national ».
Le journaliste d’Okdiaro pousse la barre un peu plus haut jusqu’à dire que c’est à cause de cette affaire que les israéliens vont « se remplir les poches » en exploitant les eaux territoriales des Îles Canaries. Un peu farfelu comme hypothèse puisque l’entreprise israélienne a été mandatée par le Maroc pour faire des explorations sur les eaux territoriales nationales reconnues par le droit international.
Autrement dit, le Maroc ne va pas faire de « cadeau » aux Espagnols en leur cédant une partie de son espace maritime après que le gouvernement de Pedro Sanchez eût trahi la confiance des Marocains.