Le Qatar, ami du Likoud et du Hamas. Ce que la chaîne « Al Jazeera » ne vous dira jamais

Le 13 octobre 2023, la chaîne de télévision satellitaire d’information en continu, Al Jazeera, se fend du tweet suivant: « Ministre Qatari des Affaires étrangères: Israël a le droit et le devoir de défendre son peuple et son territoire et s’assurer que ce qu’il est passé samedi 7 octobre (Ndlr: attaque du Hamas contre Israël) ne se reproduira jamais ».

 

 

Peu après, le tweet est supprimé et remplacé par ceci: « Rectif// le secrétaire d’Etat américain (et non Qatari): « Israël a le droit et le devoir de défendre son peuple et de s’assurer que ce qu’il s’est passé samedi 7 octobre ne se reproduira plus ».

 

 

Erreur ou lapsus? Une chose reste sûre: une telle déclaration du MAE qatari, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al Thani, reviendrait à cautionner la folie meurtrière qui s’abat sur la population civile de Gaza, et, par ricochet, condamner l’attaque du Hamas contre Israël.

Or, -et ce n’est surtout pas « Al Jazeera » qui nous contredira-, le Qatar soutient solennellement les Frères musulmans, dont le Hamas palestinien fait partie intégrante. Pour s’en percevoir, il n’est qu’à s’interroger pourquoi le chef de ce mouvement, Ismaïl Haniya, a pris ses quartiers à Doha depuis 2021 ? Pourquoi cette dernière n’a jamais lésiné sur les gazo-dollars pour financer les activités du Hamas à Gaza? « Nul n’a oublié ces images diffusées en Israël où l’on voit la berline noire du président du Comité qatari pour la reconstruction de Gaza, Mohammed Al-Madi, franchir en 2018 le poste-frontière israélien d’Erez, des valises pleines de cash avec lui. Il y est revenu à de nombreuses reprises par la suite, encore en septembre dernier », rappelle « Blast », site d’information lancé par le journaliste d’investigation Denis Robert (consulter aussi cet article du site israélien: i24news)

Le Qatar, ami du Hamas

On ne trouvera évidemment rien à redire sur cette initiative, d’autant moins qu’elle est a priori destinée à soutenir une population gazaouie assiégée, affamée, bombardée et humiliée au quotidien par Israël. Cette initiative, pour louable qu’elle puisse paraître, appelle quelques interrogations. L’émissaire de Doha pouvait-il accéder au territoire de Gaza sans avoir le feu vert des autorités d’occupation israéliennes? Pourquoi Benjamin Netanyahu, alors premier ministre, a-t-il fermé les yeux sur l’acheminement des valises qataries vers Gaza? Y a-t-il un deal conclu entre Israël et l’émirat Qatari? Et quel intérêt aurait Qatar à acheminer de l’aide à Gaza et non à la Cisjordanie placée sous l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas?

Le Qatar, ami de « Bibi » 

En janvier 2013, l’ancienne ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni, avait dénoncé le financement de la campagne de Netanyahu par le Qatar. Elle estimait que « certains hauts responsables [israéliens] commettent une grave erreur car nous apparaissons dans le monde comme des voleurs de grand chemin ».

En laissant entrer à Gaza les milliards du Qatar, Benjamin Netanyahu, ou « Bibi » pour reprendre un surnom cher à ses fans d’extrême-droite, n’a pas oublié de se servir au passage. « Dans l’enquête que nous avons menée avec Thierry Gadault pour Blast, sous le titre de Qatar connection, nous avons révélé en octobre 2021 comment l’émir du Qatar avait ordonné de verser plusieurs dizaines de millions de dollars au Likoud, son parti, pour les campagnes électorales de 2009 et 2020 », toujours selon « Blast ».

Récapitulons: le Qatar soutient aussi bien le Hamas que le Likoud de Benjamin Netanyahu. Un constat qui appelle une  question inévitable: dans quel intérêt Doha soutient, d’un côté, le Hamas palestinien, et de l’autre, un parti d’extrême droite israélien?

Au-de l’aspect sonnant et trébuchant de l’aide qatarie, il y a un enjeu politique caché. Côté israélien, acheter la paix avec l’argent du Qatar. « Pas de roquettes du Hamas, donc pas de raids de Tsahal », résume « Blast ».

Or, l’argent du Qatar semble avoir été utilisé à une autre finalité que la reconstruction de Gaza. En effet, l’acquisition par le Hamas du matériel militaire, dont une grande partie de fabrication locale est utilisée lors de l’opération en cours « Déluge d’al-Aqsa ».

Bien sûr, personne ne peut contester le droit du Hamas ou tout autre mouvement palestinien palestinien à lutter, par tous les moyens, y compris et surtout les armes, contre l’impénitent occupant israélien. Mais on a le droit de s’interroger sur le rôle du Qatar qui, d’une main, soutient le Hamas, et de l’autre, le Likoud de Benjamin Netanyahu?

Il est clair que, dans cette affaire, Doha veut jouer sur les deux tableaux et, de ce fait, se positionner en interlocuteur incontournable du Hamas et d’Israël. Voire, en acteur incontournable dans la région.

Quant à « Al Jazeera », il est clair qu’elle sert l’agenda qatari sans oublier de servir au passage, en dopant son audimat au détriment de la vie de milliers d’innocents tombés sous le déluge des bombes israéliennes.