Au moment où la pandémie de coronavirus poursuit son ascension mortelle partout dans le monde, des dirigeants de fédérations et de clubs mus par des intérêts économiques appellent à la reprise des championnats. En Europe, certains politiques figés dans leurs certitudes ou plutôt désorientés par leurs incertitudes face à un adversaire invisible donnent des autorisations pour redémarrer les compétitions.
En accord avec les fédérations, ils s’aventurent à émettre plusieurs hypothèses dans une fourchette de dates approximatives pour commencer les entraînements et les compétitions officielles. Des hypothèses qui demeurent aléatoires quand on sait que la plupart de ces responsables politiques finissent par revenir à la raison en posant des conditions plus ou moins farfelues.
Le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez a été on ne peut plus implicite : «Espérons que le football reviendra bientôt, ce sera décidé par la Ligue et la fédération, mais ils ont déjà notre autorisation pour commencer des entraînements individuels pour les sports collectifs». Seulement voilà, il n’a pas mis longtemps pour remettre les pendules à l’heure du covid-19 : «Nous ferons machine arrière si nous constatons que nous sommes allés trop vite ».
Dans un pays où le coronavirus a fait 25. 264 morts et continue à infecter des milliers dEspagnols, il est déraisonnable de prioriser le football sur la santé des joueurs. Encore faut-t-il nous expliquer comment on va procéder techniquement pour autoriser des joueurs à s’entraîner individuellement quand ils évoluent dans des disciplines collectives.
En France, le Premier ministre a été plus pragmatique en arrêtant officiellement les Ligues 1 et 2 qui ne reprendront pas avant septembre. Une décision qui n’a plû aux fédérations et aux dirigeants des clubs qui privilégient les intérêts financiers sur toute autre considération. A tel point qu’une association de médecins de football a préconisé d’imposer une distance de 4 mètres entre chaque joueur à la reprise de l’entraînement.
Décidément, le confinement a fait beaucoup de dégâts dans les esprits. Le ministre de l’Intérieur allemand qui est favorable à la reprise de la Bundesliga a lui aussi versé dans le raisonnement pas l’absurde : «S’il y a un cas de coronavirus au sein d’une équipe ou de son encadrement, le club dans son ensemble, et éventuellement aussi l’équipe contre laquelle il a joué en dernier, devront se mettre pour deux semaines en quarantaine».
Ce n’est pas une probabilité, c’est une certitude et on ne sait pas comment ils vont faire pour éviter les contaminations. A part tester des milliers de joueurs, d’entraîneurs et d’encadrants il n’y a pas d’autre solution. Ce qui n’est pas une sinécure quand on sait que ce satané virus peut se cacher chez les patients asymptomatiques.
En Italie où le covid-19 sévit terriblement, le Premier ministre a été plus réaliste en indiquant que la Série A ne reprendra que lorsque les conditions de sécurité seront réunies. En Angleterre, on avance le redémarrage de la League entre début juin et fin juillet mais les joueurs inquiets pour leurs familles ne sont pas du tout chauds pour refouler la pelouse.
Au Maroc, on commence aussi à avancer des dates à l’aveuglette pour la reprise de la Botola Pro 1 et 2 sans même connaître la date du confinement. Certains parlent de la reprise des entraînements à la fin du mois de mai et les compétitions à la mi-juin. Rien d’officiel si ce n’est cette information confirmée annonçant que le comité directeur de la FRMF va se réunir (visio-conférence) pour décider de l’avenir de la Botola. Toutes les hypothèses sont possibles sauf celles de fixer des dates tant que les autorités publiques n’ont pas abordé le sujet de déconfinement. On ne peut même pas parler d’assouplissement des mesures de confinement tant que des foyers de contamination paraissent dans plusieurs régions du royaume.
Il est vrai que les indicateurs sont au vert avec la baisse de la mortalité, l’augmentation des guérisons et la baisse des admissions en réanimation. Il est vrai aussi que le confinement donne ses fruits mais l’augmentation des foyers de contamination est un indicateur qui ne favorise aucunement un déconfinement immédiat.
Le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, a été on ne peut plus précis sur ce sujet: «Le confinement a porté ses fruits, mais nul ne sait à quel moment nous serons en mesure d’y mettre fin. Tout dépend de l’évolution de la situation. Avec l’apparition des foyers de pandémie, nous devons continuellement rester sur nos gardes et, ainsi, pouvoir réagir à temps».
Quand on sait que les autorités marocaines ont été promptes à décréter, à juste titre, les restrictions les plus drastiques pour parer à la propagation du virus, il est difficile de croire qu’elles vont concéder le moindre relâchement sans avoir la certitude que l’on ne s’exposera pas à une deuxième vague. Autant dire que même dans les cas les plus optimistes, les Botola Pro 1 et 2 seraient difficiles à redémarrer dans les prochaines semaines faute de moyens et de mesures de protection pour parer à toute éventualité.