Il y a peu de temps encore, personne n’aurait imaginé qu’un parti islamiste se lie d’amitié et voue beaucoup de considération à un parti communiste, par définition athée, et même répressif vis-à-vis des musulmans. Le secrétaire général du PJD, Saâd-Eddine El Othmani, vient de démontrer que ces deux concepts contradictoires peuvent aller de pair quand l’idéologie cède la place aux intérêts stratégiques et économiques.
Autant dire que c’est la realpolitik qui domine aujourd’hui le monde tant au niveau des affaires internes que dans les relations internationales. Forgé par les contraintes de la gestion gouvernementale, le patron du parti islamiste a épousé la realpolitik jusqu’à se dire fier d’être l’ami du parti communiste chinois. Lors d’une réunion à distance du PCC avec les partis du monde, tenue mardi 6 juillet, El Othmani n’a pas tari d’éloges sur la direction de ce parti.
Il a même félicité le secrétaire général du PCC pour avoir propulsé la Chine à la place de la première puissance économique du monde. Le patron des islamistes a longuement loué les choix stratégiques, scientifiques et technologiques de la Chine communiste tout en mettant en exergue sa coopération dans ce domaine avec les pays émergents y compris le Maroc.
L’idéologie est morte, les blocs politiques se sont affaissés face à la prédominance de l’économie et des intérêts stratégiques des uns et des autres, parfois même aux dépens de la démocratie. En 2003, plusieurs journalistes marocains en visite en Tunisie ont été sidérés quand des responsables tunisiens leur ont confié que le peuple préfère avoir un emploi et une maison que de vivre dans la misère avec la démocratie.
Force est de constater que dix ans après, les conséquences de ladite révolution idéologique du printemps arabe leur ont donné raison même si la démocratie n’a jamais été un obstacle pour le développement, bien au contraire. Auparavant, tout le monde savait où le nationalisme a mené la nation arabe avec les défaites répétitives face à Israël et l’effondrement politique et économique de l’Égypte, la Syrie et de la Jordanie.
En 1978, la realpolitik d’Anouar Sadate a permis à l’Égypte de récupérer le Sinaï et l’idéologie a empêché la Syrie de reprendre le Golan avant de sombrer après, dans une interminable guerre civile. C’est aussi la realpolitik qui a poussé la direction du mouvement islamiste, Hamas, à visiter le Maroc qui venait de reprendre ses relations avec Israël.
On connaît le radicalisme d’Ismaël Haniyeh et personne n’imaginait qu’il se rendrait au Royaume, juste après un conflit sanglant avec Israël. Mais là, aussi, ce sont les intérêts stratégiques qui ont primé sur des considérations idéologiques figées.
C’est dire que tout le monde a compris que l’idéologie est morte sauf la junte militaire algérienne qui continue à se cramponner à une doctrine qui a ruiné le pays et appauvri le peuple. Un pays qui regorge de richesses pétrolières, gazières et minérales mais dont le peuple est contraint de faire la queue, voire se bagarrer, pour avoir de l’eau, du lait, de l’huile et autres denrées alimentaires.