Le prince Charles, connu pour sa fibre écologique et son engagement caritatif, est devenu jeudi, à 73 ans, le Roi Charles III, accédant systématiquement au trône britannique après la mort de sa mère la Reine Elizabeth II à l’âge 96 ans.
Il se trouvait au chevet de la Reine, dans sa résidence écossaise à Balmoral, au moment de sa mort et a choisi d’y passer la nuit avant de rallier Londres vendredi. Conformément aux règles en vigueur, son accession au trône britannique après 70 ans de patience, un record dans l’histoire de la monarchie, est intervenue directement après le décès d’Elizabeth II.
Baptisé à la naissance Charles Philip Arthur George, il aurait pu prendre n’importe lequel de ces noms et s’appeler par exemple George VII. Mais ses services ont confirmé dans la soirée de jeudi qu’il s’appellera Charles III.
Le nouveau Roi a déclaré que le décès de sa mère était un moment de « la plus grande tristesse » pour lui et pour tous les membres de sa famille, assurant, toutefois, que la famille royale sera réconfortée et soutenue par le respect et la profonde affection dans lesquels la Reine était si largement tenue.
Dans tout le pays, les drapeaux ont été mis en berne, tandis qu’à Westminster, un orchestre a joué « God Save the King ». À la tombée de la nuit, des milliers de personnes se sont rassemblées devant le palais de Buckingham pour saluer la monarchie.
La première ministre britannique, Liz Truss, a été la première à réagir au décès de la Reine et lui a rendu un vibrant hommage devant les marches de Downing Street. Vêtue de noir et s’exprimant sur un ton solennel, Mme Truss n’a pas manqué de se projeter vers l’avenir en indiquant qu’aujourd’hui, « la Couronne passe, comme elle l’a fait pendant plus de mille ans, à notre nouveau monarque, notre nouveau chef d’État, Sa Majesté le Roi Charles III ».
La cérémonie de couronnement du nouveau Souverain devrait intervenir dans les prochaines semaines, tandis que son épouse Camilla deviendra reine consort, conformément au souhait exprimé par Elizabeth II en février dernier.
Né le 14 novembre 1948, Charles III était devenu, en sa qualité de fils aîné, l’héritier de la couronne britannique dès l’âge de trois ans, lorsque la princesse Elizabeth, âgée de 25 ans à l’époque, était devenue Reine à la mort de son père George VI.
Dès ses premiers engagements officiels dans les années 70, le rôle du Prince de Galles a été de « soutenir sa majesté la Reine, en tant que point focal de la fierté nationale ».
Durant les derniers mois, son rôle avait pris plus d’ampleur suite à la raréfaction des apparitions publiques de la Reine, du fait de la détérioration de son état de santé. Il l’avait ainsi remplacée pour l’une de ses fonctions constitutionnelles les plus importantes, en prononçant à sa place le discours du trône en mai dernier.
Défenseur du climat et champion d’urbanisme durable, il est notamment connu pour être le président de plusieurs centaines d’organisations de bienfaisance, dont la principale, le Prince’s Trust, qui a aidé depuis sa création en 1976 plus d’un million de jeunes en difficulté.
Passionné de jardinage, il avait ouvert une ferme biologique en 1985 avec 300 hectares de terres cultivées sans pesticides. En 1988, il est l’un des premiers à annoncer la fin de son usage des aérosols.
Lors de la pandémie de Covid-19, il avait plaidé en faveur d’une économie verte en soulignant que pour « assurer notre avenir et prospérer, nous devons faire évoluer notre modèle économique et placer les humains et la planète au cœur d’une création de valeur mondiale ».
« S’il y a une leçon essentielle à tirer de cette crise, c’est que nous devons placer la nature au cœur de notre mode de fonctionnement. Nous ne pouvons tout simplement pas perdre plus de temps », avait-il affirmé. Durant son demi siècle d’activisme social, il se permettait ici et là de déroger à la neutralité sans faille de la famille royale en exprimant ses opinions sur des questions politiques. En juin dernier par exemple, The Times et le Daily Mail ont rapporté qu’il avait critiqué la politique du gouvernement consistant à externaliser les demandes d’asile vers le Rwanda, qualifiant cette pratique d' »épouvantable ».
Mais lorsqu’on lui a demandé, dans un entretien à l’occasion de son 70e anniversaire, s’il continuerait à « se mêler » de politique quand il sera Roi, le prince de Galles a utilisé une métaphore Shakespearienne pour expliquer que les héritiers de la couronne doivent changer lorsqu’ils deviennent souverains et que les monarques nouvellement couronnés doivent « jouer leur rôle de la manière attendue ».
Charles III aura désormais la tâche difficile de remplacer sa mère, ultrapopulaire auprès des Britanniques, qui avait fait preuve de dévouement pour la fonction jusqu’à la fin, en nommant mardi, deux jours avant son décès, Liz Truss au poste de Premier ministre.