Après un long et courageux combat contre la maladie, Abdallah Stouky a tiré sa révérence hier mardi 12 juillet. Ses obsèques auront lieu ce mercredi 13 juillet, au cimetière Chouhada à Rabat, après la prière de Dohr. Hommage.
Les hommages pleuvent, à juste titre, suite à l’annonce du décès de Abdellah Stouky, que beaucoup de connaisseurs surnomment le doyen de la presse et des journalistes marocains. Certes il le fut, mais pas seulement…
Autodidacte, il quitta assez tôt les bancs de son lycée à Marrakech, avant l’obtention de son baccalauréat, comme par ailleurs son ami intime et compagnon Tayeb Saddiki.
Le métier de la presse, il l’apprit sur le tas, suite à « une formation idéologique et politique » à l’école centrale du parti communiste soviétique à Moscou, mais il faut souligner que l’homme avait de cela d’exceptionnel, que son intellectualité est plus le fruit d’un amour inconditionnel des lettres et des livres.
Depuis son appartement « Aida » à Rabat, véritable antre où sont empilés et compilés d’innombrables livres accumulés pendant toute une vie au service de la plume, M. Stouky suivait assidûment -tant que sa santé déclinante le lui permettait- les actualités.
L’homme non seulement fut témoin mais surtout protagoniste d’un pan de notre histoire littéraire, médiatique, politique et culturelle ; lui qui avait plusieurs cordes à son arc, de l’éditeur, à l’analyste, au journaliste un moment partisan puis indépendant comme il l’écrivait lui-même; son immense culture fut sans contexte sa principale qualité qui forçait le respect.
Sans citer les nombreux titres de presse qu’il fonda, ou dans lesquels il collabora, il suffit d’user de l’outil numérique pour se rendre compte que pendant plusieurs décennies, M. Stouky était incontournable, un intellectuel engagé à la plume acérée, à l’analyse aiguisée avec une rare maîtrise de la langue française.
Pendant ses dernières années, il souffrit non seulement du fait de la faiblesse humaine, mais surtout des faiblesses des hommes à l’oubli facile ; mis à part quelques irréductibles amis qui n’eurent cesse de prendre de ses nouvelles et de multiplier les visites, tout en l’entourant de leur soutien indéfectible.
De ses indénombrables écrits ainsi que les nombreuses éditions de « Dar Stouky li an’nachr », je crains que le fleuve impitoyable de l’oubli ne les emporte vers le néant de l’amnésie collective, qui non seulement dessert le présent mais compromet la construction d’un avenir où les noms qui firent notre histoire tombent dans les méandres de l’ignorance.