La rentrée scolaire est prévue le 7 septembre. En principe, parce que le ministère de l’Education nationale l’avait annoncée pour cette date sans donner de détails. Une ambiguïté qui a sidéré tout le monde notamment les syndicats de l’enseignement et les parents d’élèves qui ne comprenaient pas le sens d’un communiqué laconique pour une situation aussi exceptionnelle que vit le Maroc.
Face à ce tollé général, le département d’Amzazi a essayé de rectifier le tir mais il n’a fait que brouiller davantage les cartes en affirmant qu’il s’agit d’une communication d’usage qui se fait chaque année. Le reste, poursuit le même département, sera connu après l’évaluation de la situation épidémique au Maroc comme si des mois nous séparaient encore de la reprise des cours.
Du coup personne ne sait, jusqu’au jour d’aujourd’hui, la nature de l’enseignement qui sera dispensé aux apprenants en pleine résurgence de la pandémie si, bien sûr, la rentrée scolaire a lieu. En tout cas les syndicats, qui reprochent au ministère de l’Éducation nationale de ne pas les avoir consultés, émettent des doutes voire des inquiétudes à l’approche de cette échéance.
C’est ainsi que la CDT a demandé au gouvernement d’établir un plan clair pour la rentrée scolaire qui donne la priorité à la santé et la sécurité des élèves et des enseignants. Ceci étant, ajoute un communiqué du syndicat, il est impératif de garantir la dispense de l’enseignement à tous les Marocains sur la base de l’équité, l’égalité et le droit à l’apprentissage. Encore faut-il, poursuit la centrale syndicale, prendre en considération la situation épidémique dans le pays et ses répercussions sanitaire, sociale et économique.
Le bureau exécutif de la CDT qui s’est réuni à distance reste très sceptique quant à l’éventualité d’une rentrée scolaire en présentiel après la résurgence alarmante du coronavirus. Le secrétaire général du SNE (CDT), Abdelghani Erraki, est plus catégorique quand il affirme qu’il est étonnant que le ministre de tutelle parle de rentrée scolaire en passant sous silence la situation exceptionnelle que traverse le Maroc.
Dans une déclaration accordée à notre confrère « Libération », le syndicaliste exprime tout haut ce que tout le monde pense tout bas: « Au début du mois de septembre, les étudiants iront en classe. Et chaque classe comprendra une quarantaine d’élèves, que faire alors ? ». D’autant, ajoute-t-il, que la situation épidémique dans le pays est de plus en plus alarmante avec plus de contaminations, de cas graves et de décès.
C’est dire que dans ces conditions personne ne croit à l’adoption d’un enseignement présentiel. La logique et surtout la préservation de la santé des élèves et des enseignants exigent la dispense d’un enseignement à distance qui, faut-il le rappeler, a montré ses limites.
D’autant qu’il a créé des problèmes familiaux entre parents et enfants ainsi que des litiges financiers entre les parents d’élèves et les écoles privées qui s’entêtent à vouloir percevoir des frais de scolarité pour des cours qu’ils n’ont pas dispensés.
Selon certaines sources, les hésitations du ministère de tutelle seraient dues à la pression des lobbies de l’enseignement privé qui le poussent à adopter les cours en présentiel en dépit de la gravité de la situation épidémiologique. C’est dire que le conflit entre les parents d’élèves et les écoles va aller crescendo si le ministère de tutelle n’arrive pas à trouver une solution médiane qui satisfait les deux parties.