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Les lundis de Mohamed KHOUKHCHANI. Recherche Académique : Perspectives de Règlement du Conflit du Sahara après la Résolution 2797 du Conseil de Sécurité (31 Octobre 2025)

Préparé par : Mohamed KHOUKHCHANI

​Résumé de l’Étude :
​Cette recherche vise à analyser les nouvelles dynamiques engendrées par la Résolution 2797 du Conseil de Sécurité (31 octobre 2025), qui a considéré le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le « polisario » comme des parties directement concernées. La résolution les a appelées à reprendre des négociations sérieuses en vue de clore un conflit qui dure depuis cinq décennies. L’étude se concentre sur l’analyse des scénarios possibles pour le règlement du différend, en mettant l’accent sur le premier scénario qui positionne le Plan d’Autonomie comme la solution privilégiée à la lumière des transformations géopolitiques régionales et internationales.

​Introduction :
​Le conflit du Sahara représente l’un des plus longs différends territoriaux en Afrique et dans le monde arabe. Il a profondément affecté le processus de construction de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) et les efforts de développement dans les pays de la région, notamment le Maroc, l’Algérie et la Mauritanie. Avec la publication de la Résolution 2797 — considérée comme la plus claire en termes d’encadrement politique des parties directes — le dossier est entré dans une nouvelle phase caractérisée par une hausse des attentes que le règlement soit plus possible que jamais.

​Première Partie : Contexte Juridique et Politique de la Résolution 2797.

​La Résolution 2797 se distingue par trois points cruciaux :
​Affirmation du sérieux et de la crédibilité de la proposition d’autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine.
​Identification de quatre parties directement concernées : le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie, le Polisario.
​Appel explicite à la reprise des négociations directes sous l’égide de l’Envoyé Personnel de l’ONU, avec un agenda axé sur une solution politique réaliste et de compromis.
​Cet encadrement écarte de facto les thèses irréalistes, en premier lieu l’option du référendum qui n’est plus à l’ordre du jour depuis le début du troisième millénaire, et réduit la viabilité du maintien du statu quo.

​Deuxième Partie : Le Premier Scénario (Le Plus Probable) : Adoption du Cadre d’Autonomie comme Solution Politique Définitive

​1. Déterminants Stratégiques du Scénario.

● ​Transformations Internationales : Évolution des positions des pays européens, soutien des États-Unis, et basculement d’un certain nombre de pays africains et asiatiques en faveur de l’autonomie.
● ​Coût du Maintien du Conflit : Le lourd fardeau financier, politique et sécuritaire pour le Maroc, l’Algérie et la Mauritanie, et la prise de conscience croissante que la persistance du conflit entrave le développement.
● ​Reconnaissance des Quatre Parties par la Résolution 2797 : Rendant tout refus de dialogue diplomatiquement coûteux.

​2. Gains Anticipés pour les Parties.

A. Maroc :
* Ancrage de l’autonomie comme seule base réaliste.
* Renforcement du développement dans les Provinces du Sud et intégration dans l’espace Afro-Atlantique.
* Proposition d’un modèle de démocratie régionale élargie dynamisant les réformes internes.

B. Algérie :
* Sortie du cycle d’épuisement financier et diplomatique.
* Amélioration du climat des relations avec le Maroc et l’Union Européenne.
* Réorientation de ses capacités vers le développement interne au lieu de la logique des sommes nulles.

C. Mauritanie :
* Réduction des pressions sécuritaires sur ses frontières septentrionales.
* Renforcement de son rôle d’acteur médiateur dans la phase de transition.
* Restauration de sa position vitale au sein du système de l’UMA.

D. Le « polisario »:
Dans ce scénario, le « polisario » devient un partenaire dans la gestion de la phase transitoire d’autonomie, avec des garanties politico-juridiques telles que :

* Participation aux institutions régionales.
* Garanties de protection des droits culturels et sociaux.
* Intégration progressive de ses combattants dans la vie civile ou les institutions militaire et sécuritaire via des mécanismes de désarmement-démobilisation-réintégration (DDR) sous supervision de l’ONU.

3. Mécanismes de Mise en Œuvre du Scénario
​Ouverture de négociations directes sous les auspices de l’Envoyé Personnel de l’ONU.
​Élaboration d’un protocole d’autonomie incluant les arrangements sécuritaires, économiques et administratifs.
​Établissement d’un calendrier de mise en œuvre (phase transitoire de 3 à 5 ans).

Adoption d’une stratégie de développement conjointe entre le Maroc, la Mauritanie et l’Algérie dans la région.

​4. Défis Potentiels :
● ​Difficulté de la transition du « polisario » d’une logique de « mouvement armé » à celle d’« acteur politique ».
● ​Résistance de courants radicaux en Algérie craignant tout rapprochement maghrébin.
● ​Complexité du dossier humanitaire des camps de Tindouf et de la réintégration des populations.
​Néanmoins, ces défis restent moins graves que le coût du maintien du statu quo.

​Troisième Partie : Le Deuxième Scénario (Faible Probabilité) : Négociations sans Progrès.

​La possibilité que les parties adoptent des positions figées, prolongeant le statu quo sans solution définitive, demeure. Cependant, ce scénario s’affaiblit en raison des pressions internationales, du coût croissant pour les parties et de l’évolution des priorités de sécurité régionale (Sahel, terrorisme, énergie).

​Quatrième Partie : Le Troisième Scénario (La Moins Probable) : Escalade Limitée.

​Ce scénario suppose des tensions militaires de faible intensité à l’est du dispositif de Défense. Toutefois, l’environnement régional et international actuel ne supporte pas une telle escalade, ce qui rend le scénario quasi-improbable.

​Cinquième Partie : Répercussions du Premier Scénario sur l’Avenir de l’Union du Maghreb Arabe.

​Le succès de ce scénario ouvre la voie à :
● ​La reprise des projets de coopération trilatérale (Maroc-Algérie-Mauritanie).
● ​Le redémarrage des institutions de l’Union du Maghreb Arabe, gelées depuis des années.
● ​La création d’un grand marché maghrébin capable de rivaliser avec les pays du Partenariat Euro-Méditerranéen.
● ​Le rattachement de l’Afrique du Nord au projet de Façade Atlantique que le Maroc ouvre vers l’Afrique de l’Ouest.

​Conclusion :

L’analyse de la Résolution 2797 indique que le dossier est entré dans une nouvelle phase où la logique du conflit traditionnel cède la place à celle du « règlement politique réaliste ». À la lumière des données régionales et des transformations internationales, le premier scénario — l’adoption de l’autonomie comme solution définitive — apparaît le plus cohérent avec les tendances de la communauté internationale et les intérêts des parties concernées.

Bien que des défis subsistent, la fenêtre qui s’est ouverte après le 31 octobre 2025 pourrait être la dernière avant que le conflit ne devienne une charge stratégique ingérable. Par conséquent, l’adhésion des quatre parties au dialogue politique n’est plus seulement une option diplomatique, mais une nécessité de développement, de sécurité et stratégique pour les pays du Grand Maghreb.

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