Par: Mohammed El Qandil *
Au seuil !
Tout se situe au seuil…
Le visage de ma mère où je ne grandis pas
Ton visage où, paré de mes blessures,
Je vieillis vite ;
L’enfance derrière moi criant sa revanche
La mémoire que je courtise, hantée par l’ombre qui passe
Le livre posé sur la table, attendant l’œil voisin du songe.
Tout se situe au seuil…
Comme au centre de l’amour
Je porte sur mon front la brève lumière de l’été
Le silence des yeux qui goûtent à l’exil
Les pas de Virgile visitant l’enfer
La montagne dont j’ai rêvé hier
A la faveur des voyages inédits
Sur le bout de mes doigts lassés d’écrire.
Tout se situe au seuil…
Cette image accrochée au mur me regardant
Ce coucher de jour où je ne suis que rarement
Cette descente dans la rivière de l’oubli
Ce ciel qui s’abstient de courir les étoiles
Cette parole humide au bout des lèvres
Ce sourire qui dure dans le reflet de l’herbe
Cette voix qui hèle tes cheveux dansants
De trop de mémoire partielle.
Tout se situe au seuil…
Seul sait parler
Celui qui ne gagne qu’en perdant
Qui écrit ses ratures
Par-dessus l’épaule du souvenir.
*Poète, chercheur en littérature et arts plastiques/
Inspecteur pédagogique
