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Bolivie: Le virage historique à droite et ses implications en matière de politique étrangère

La Bolivie connaît un « virage historique à droite » suite aux élections présidentielles d’août 2025, marquant une rupture après 20 ans de règne du « Mouvement vers le socialisme » (MAS), parti de gauche populiste et indigéniste fondé par le dictateur déchu Evo Morales. Ce changement est motivé par une crise économique profonde, un manque de dollars et de carburant, et une volonté de tourner la page du MAS définitivement. Une volonté de changement incarnée par deux candidats, le sénateur centriste Rodrigo Paz Pereira et l’ancien président conservateur Jorge Tuto Quiroga, qui seront départagés lors du second tour de la présidentielle prévu le 19 octobre prochain. L’un et l’autre voient dans la restauration des relations avec les Etats-Unis une priorité. 

Pour cerner le contexte et les enjeux de ce changement annoncé, nous vous invitons à lire cette dépêche édifiante de l’agence de presse espagnole (EFE). Voici la traduction in extenso de cette dépêche.  

Par: Agence de presse espagnole (EFE)

La politique étrangère de la Bolivie va subir des changements après près de 20 ans de pouvoir de gauche, avec l’arrivée d’un nouveau gouvernement issu du second tour en octobre entre le sénateur centriste Rodrigo Paz Pereira et l’ancien président conservateur Jorge Tuto Quiroga, qui voient la restauration des relations avec les États-Unis comme une priorité.

Paz Pereira est arrivé en tête du premier tour, organisé dimanche dernier, avec 32,06 % des voix, tandis que Quiroga (2001-2002) est arrivé deuxième avec 26,70 %, selon le décompte officiel du Tribunal suprême électoral (TSE). Les deux candidats de l’opposition s’affronteront donc à nouveau aux urnes le 19 octobre.

Le vote a également confirmé la fin des gouvernements du Mouvement vers le socialisme (MAS) après près de deux décennies, ce qui marquera également un changement dans la politique étrangère du pays andin, selon Quiroga et Paz.

Durant la présidence d’Evo Morales (2006-2019), la Bolivie a maintenu des liens étroits avec des pays comme la Russie, la Chine, l’Iran, Cuba, le Nicaragua et le Venezuela et s’est éloignée des États-Unis, que l’ancien président a accusé à plusieurs reprises de conspirer contre lui, expulsant un ambassadeur et ses agences de coopération et de lutte contre la drogue du pays.

La Bolivie fait également partie de blocs tels que l’UNASUR, la CELAC et l’ALBA bolivarienne, en raison de l’affinité idéologique de Morales avec les dirigeants qui les ont promus.

Au cours de l’année du gouvernement intérimaire de Jeanine Áñez (2019-2020), la politique étrangère bolivienne a changé, car la présidente par intérim de l’époque a suspendu les relations avec Cuba et le gouvernement de Nicolás Maduro, a retiré la Bolivie de l’ALBA, a commencé à traiter son retrait de l’UNASUR, a fermé les ambassades à Cuba et en Iran et a tenté de se rapprocher des États-Unis.

Ce fut une mesure temporaire, car l’administration Luis Arce a ensuite annulé toutes ces décisions, reprenant les liens qui avaient été rompus ou limités et en rompant d’autres, comme celui avec Israël, en raison du conflit avec la Palestine.

Analyses et offres

Le député de l’opposition et diplomate de carrière Gustavo Aliaga a déclaré à EFE que la priorité du prochain gouvernement devrait être de « rétablir » les relations avec les États-Unis, qui sont maintenues au niveau du chargé d’affaires depuis 2008.

Aliaga a considéré cela comme important car les nouvelles autorités devront se rendre aux États-Unis, qui sont « le principal partenaire » d’organisations telles que le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale (BM) et la Banque interaméricaine de développement (BID), qui seront probablement appelées à faire face à la crise économique actuelle.

Quiroga a déclaré cette semaine dans une interview à EFE qu’il chercherait à établir des liens pour la Bolivie « avec tous les pays amis qui veulent investir et commercer », ce qui implique de « rétablir les relations avec les États-Unis dès le premier jour » et aussi avec Israël.

L’ancien président a soutenu que « le Venezuela, Cuba et le Nicaragua, les trois tyrannies troglodytes totalitaires, méritent d’avoir des élections justes et libres », comme la Bolivie l’a fait le 17 août.

Il espère également que son pays aura des relations « avec le peuple vénézuélien », mais « en aucun cas » avec Maduro.

Paz Pereira a quant à elle déclaré à la radio locale Fides qu’elle envisageait également de rétablir les relations avec les États-Unis.

Pour Aliaga, le nouveau gouvernement devrait également « fixer une nouvelle orientation » dans les relations avec les pays voisins, en particulier avec le Chili, avec lequel les relations diplomatiques sont rompues depuis 1962, à l’exception d’une interruption de 1975 à 1978, faute de résolution de la revendication maritime séculaire de la Bolivie. Des consulats généraux sont toutefois maintenus à La Paz et à Santiago.

Le parlementaire a mentionné que l’administration Arce n’a pas été capable de « construire » une ère « post-La Haye » avec le Chili, en faisant référence aux deux cas auxquels les deux pays ont été confrontés devant le tribunal international au sujet du différend maritime et des eaux de Silala.

Paz Pereira a déclaré qu’elle « rouvrirait les relations avec le Chili parce que, commercialement », les conditions doivent changer pour que le « flux économique » entre les deux nations « puisse être partagé ».

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