
Par: Reda JAALI
La construction d’une autoroute reliant directement Tanger à Oujda, en passant par Tétouan, Al Hoceima, Nador et Berkane, apparaît comme un projet structurant pour le Maroc. Elle mettrait en connexion deux pôles portuaires stratégiques : Tanger Med, hub mondial du commerce maritime, et Nador West Med, nouveau port en devenir, tout en irriguant les villes du Nord et de l’Oriental. Mais l’un des principaux obstacles réside dans les reliefs escarpés du Rif, réputés pour la complexité et le coût de leurs aménagements.
Pour relever ce défi, un partenariat public-privé (PPP) entre le Maroc et la Chine pourrait constituer une réponse crédible. Pékin dispose d’un savoir-faire reconnu en matière d’infrastructures en terrains montagneux : ses entreprises construisent des autoroutes, tunnels et viaducs dans des conditions géographiques extrêmes. De plus, les intérêts chinois au Maroc renforcent la faisabilité de ce scénario : Tanger Tech accueille déjà des usines chinoises, tandis qu’à proximité de Nador West Med, plusieurs projets industriels sino-marocains voient le jour, d’ailleurs une nouvelle usine chinoise de pneumatiques ouvrira à Oujda prochainement. Une autoroute reliant directement ces zones renforcerait la logistique de ces investissements.
Au-delà de l’aspect industriel, cette autoroute bénéficierait aussi aux habitants et aux voyageurs. Chaque été, les embouteillages deviennent étouffants entre Tanger, Tétouan, Azla, Oued Laou et Stéhat, ainsi qu’entre Oujda, Ahfir et Saïdia. L’axe Tanger–Oujda viendrait fluidifier ces flux touristiques et faciliter la mobilité régionale. Chaque ville de l’itinéraire – Tétouan, Al Hoceima, Nador, Berkane ou Oujda – trouverait une valeur ajoutée à cette infrastructure.

Le deuxième facteur clé qui pourrait accélérer la concrétisation du projet est l’intelligence artificielle. Les outils de modélisation IA permettent aujourd’hui de simuler des dizaines de tracés potentiels, en tenant compte de la topographie, des contraintes géologiques et des coûts de construction. Grâce à ces technologies, il devient possible de déterminer un parcours optimal à travers les montagnes du Rif, réduisant ainsi les risques techniques et les dépassements budgétaires.
Enfin, un horizon temporel rend le projet encore plus urgent : la Coupe du Monde 2030, que le Maroc co-organisera avec l’Espagne et le Portugal. Cet événement planétaire amènera des flux massifs de visiteurs et accentuera la pression sur les infrastructures routières. Sans une nouvelle autoroute méditerranéenne, les embouteillages chroniques de l’été risquent de se transformer en blocages généralisés. Réaliser cette autoroute avant 2030 serait donc non seulement un pari sur l’avenir économique, mais aussi une nécessité pour l’image et la mobilité du pays.
En résumé, la combinaison d’un financement sino-marocain et de l’optimisation par l’IA place ce projet d’autoroute dans une nouvelle dimension : il ne s’agit plus d’un simple rêve coûteux, mais d’une perspective réaliste et stratégique. Cette liaison n’intéresse pas seulement la Chine, mais tous les Marocains, car elle reliera deux façades maritimes, fluidifiera le trafic estival et transformera le Nord et l’Oriental en véritable corridor économique.





