Une équipe scientifique maroco-française a découvert une technique inédite qui remonte à un million d’années, dans les phases anciennes de la civilisation acheuléenne en Afrique, sur le site archéologique « Thomas I » à Casablanca.
Il s’agit de la découverte de petites pierres de silex ne dépassant pas 6 centimètres de longueur, travaillées grâce à une technique spéciale connue sous le nom de « Percussion bipolaire sur enclume » qui vise à fabriquer de très petits outils allongés, indique lundi un communiqué du ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports – Département de la Culture.
Ces outils en silex ont été découverts au niveau archéologique acheuléen (niveau L1) sur le site de « Thomas I » à Casablanca qui date d’au moins un million d’années, précise le communiqué, notant que des haches bifaces en pierres et d’autres gros outils faits en pierre de quartzite, tels que des haches à trois facettes, des noyaux de forme sphérique et hémisphérique, divers noyaux polyèdres, noyaux à sculpture concentrique et circulaire et plusieurs marteaux ont également été découverts sur ledit site.
L’étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue « Scientific reports », fournit des éléments très importants concernant la diversité technique et économique des anciens acheuléens africains, comme elle témoigne également de leur grande aptitude en termes de compétences et de connaissances techniques et de leur capacité à s’adapter aux besoins des groupes humains au cours des dernières phases de l’époque pléistocène inférieure.
La capacité de fabriquer des outils de grande taille avec des côtés tranchants et émoussés dénote de l’aspect technologique qui a caractérisé la culture matérielle acheuléenne et de son évolution par rapport à la civilisation « Oldowayen » qui l’a précédée, a fait savoir la même source.
Malgré la production de fragments de petite et moyenne taille dans l’industrie lithique acheuléenne, la fabrication de « haches bifaces en pierres » a toujours fait la spécificité de cette civilisation et retenu l’attention des chercheurs, a souligné le département, relevant que cela a fait que la connaissance des techniques utilisées, il y a un million d’années, dans la fabrication des fragments de petite et moyenne taille est restée très limitée.
Les couches archéologiques connues sous le nom « niveau archéologique L » du site de Thomas I (Thomas I – L1) dans la région de Casablanca, qui connaît des fouilles régulières depuis les années 80, ont permis d’identifier et d’étudier des outils en pierre qui prouvent l’existence d’un peuplement humain durant la civilisation acheuléenne au Maroc, poursuit le communiqué, faisant savoir que cette communauté avait pour objectif principal la fabrication de grands outils de coupe, bifaces ou tri-faces, à partir de grandes pierres ou des roches de quartz qui étaient acquises directement des régions voisines.
Cependant, les recherches et études que le site « Thomas I » a connu ces dernières années ont permis à des chercheurs de l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine relevant du ministère de la Culture, de la Jeunesse et du Sport- département de la Culture, de l’Université Paul Valéry-Montpellier III, de l’Université de Bordeaux et de la société « Paleotime » de découvrir une technique de travail de la pierre basée sur la modification de certains outils utilisés en tant que matière première (pierre de silex) pour la production de fragments similaires à des lames grâce notamment à la technique de « Percussion bipolaire sur enclume ».
La technique de fabrication de lames à partir de fragments, associée à la sculpture de gros outils de coupe, est considérée comme spécifique à la civilisation acheuléenne africaine, a ajouté le département, soulignant que cette technique apparaît d’une façon fortuite avec la fin de l’époque pléistocène inférieure et n’a pas été suivie de techniques de fabrication similaires pendant une période de 500.000 ans.
La découverte de ces techniques revêt une grande importance, non seulement parce qu’elles témoignent des capacités cognitives développées des Hommes de l’époque, mais parce qu’elles indiquent les compétences et connaissances techniques dont ils se caractérisaient, ainsi que les stratégies techniques et économiques de ces groupes humains à la fin de l’époque pléistocène inférieure, a souligné la même source.
Eu égard à l’importance patrimoniale et scientifique du site archéologique « Thomas I », au niveau aussi bien de la ville de Casablanca que du Royaume du Maroc en général, le ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports – Département de la Culture, qui supervise les fouilles et les études à divers niveaux archéologiques, a l’intention de mener à bien un projet de réhabilitation pour la préservation du plus ancien site archéologique au Maroc, tout en veillant à assurer les conditions nécessaires à la poursuite de la recherche scientifique, conclut le communiqué.