1er septembre 2007, aéroport de Vienne. Il est presque minuit. Un silence religieux enveloppait de son voile la capitale autrichienne. «Nous sommes loin de l’exubérance des méditerranéens», me dit Marc Cohen, argentier du périple de paix, dont la 3è édition était prévue sur un bateau de croisière et non sur un navire de guerre, comme c’était le cas en 2001 et 2003.
Une fois mes bagages rangés dans le coffre de la voiture, Marc me pria de mettre la ceinture et se mit à avaler… du bitume!! Direction: un village d’un calme quasi-olympien où le célèbre compositeur hongrois Franz Litszt composa ses meilleures partitions. Il n’y avait pas de bruits, en dehors de celui froufroutant des arbres ou celui des lapins qui, apeurés par le passage de voitures, sautillaient vers des endroits lointains.
«Nous sommes arrivés cher ami!!», annonça Marc Cohen, au bout d’une équipée qui dura une demi-heure. Du fond de l’auberge où je descendis, résonnait déjà la voix de Richard Martin, maître d’oeuvre de cette nouvelle aventure qui allait être menée à bord du Theodor Koerner, bateau de croisière autrichien, sur le beau Danube bleu… de Strauss!!
Mon ami Ahmed Massaia, directeur de l’Institut supérieur d’art dramatique et d’animation culturelle (ISADAC), était déjà à table avec Richard Martin quand tout d’un coup il se mit debout et me gratifia d’une accolade des plus chaleureuses. S’ensuit une « pause » dîner qui allait durer jusqu’à la pointe du jour…
Le lendemain matin, départ vers le port de Vienne. Le Theodor Körner faisait figure de petit village planétaire. Des saltimbanques d’Europe et du Maghreb, voire du Mexique, échangeaient dans toutes les langues ou presque. La joie était visible sur les visages. Chacun savait ce qui l’attendait: « Faire la guerre à la guerre »!!
Qui est-ce qui aurait alors pu réunir ce gotha d’artistes en ce début septembre à Vienne, point de départ d’une longue et néanmoins belle escapade pacifiste sur le fleuve du Danube? Ce périple artistique pouvait-il ramener la paix dans un monde déchiré par tant de guerres et de tragédies? La parole poétique pouvait-elle faire taire les canons ?
Autant de questions se bousculaient en tête…
« L’Odyssée du Danube » est la continuité logique de deux précédentes biennales réalisées en Méditerranée en 2001 et en 2003. Les « anciens », expérimentés et aguerris, envisageaient ce nouveau périple avec confiance et sérénité, celles qui nous ont été toujours inspirées par l’artisan de cette belle aventure, Richard Martin, certainement le plus fou des saltimbanques…
Richard avait réussi à faire partir depuis Marseille en 2001, un destroyer roumain avec à bord cinq cents artistes pour une croisière de deux mois à travers la Méditerranée. Il a répliqué en 2003 en faisant à nouveau partir le destroyer pour un long périple à travers l’Adriatique. Le défi était de « transformer un bateau de guerre en instrument de paix ».
«Avec des cris d’oiseau, nous allons donner l’alarme», fit Richard Martin. De quoi remonter le moral des troupes qui se préparaient à partir « en guerre contre la guerre ».
Direction: la république de Slovaquie.