Par: Hassan Masiky*
Le président français Macron poursuit de manière flagrante et imprudente une politique d’escalade au Maghreb qui représente une nouvelle et très dangereuse escalade du conflit entre le Maroc et l’Algérie.
Le Maroc a pris des décisions souveraines pour renforcer sa capacité défensive et approfondir sa coopération militaire et politique avec Israël et les États-Unis pour protéger sa sécurité nationale et dissuader l’Algérie. Mais Paris ignore cet environnement sécuritaire mondial en évolution et insiste pour être le seul pouvoir au Maghreb et au Sahel.
L’alliance de Rabat avec les États-Unis et Israël et l’amélioration des relations avec l’Espagne pourraient fortement façonner la géopolitique au Maghreb et en Afrique pour les années à venir. Paris a perdu son influence et son prestige en Afrique et le président Macron en accuse le Maroc.
Au cours de la dernière décennie, la perception de la France au Maroc a considérablement changé, le public considérant désormais les États-Unis comme le seul allié fiable. Cette transformation de l’image et de l’influence de la France est due à une série de facteurs et d’événements, dont le timide soutien de Paris aux positions marocaines au Sahara occidental et les relations amicales de Macron avec l’armée algérienne.
A long terme, le Maroc comprend que la France ne trahira jamais un régime militaire en Algérie. Paris et Alger disposent d’un mécanisme opérationnel qui protège les intérêts français en échange d’un soutien politique.
Pendant ce temps, il y a un changement de ton anti-français total en cours au Maroc. Les Marocains ont fait un mouvement tactique calculé loin de Paris alors que les États-Unis soutenaient explicitement la position du Royaume dans le conflit du Sahara. Les positions ambiguës de longue date de la France dans les différends maroco-algériens ne sont plus tolérées dans les cercles diplomatiques marocains.
Alors que le Maroc émergeait comme une puissance régionale et commençait à forger de nouvelles alliances en dehors de la sphère néocoloniale France-Afrique, il exerçait inévitablement une influence qui troublait la France et l’Algérie. Pour freiner ce dynamisme, les hommes politiques français utilisent les institutions européennes comme le Parlement européen et exploitent des sujets sensibles comme les droits de l’homme pour embarrasser et intimider le Royaume.
En outre, il est ironique et honteux d’entendre des députés français du Parlement européen du parti au pouvoir condamner le bilan du Maroc en matière de droits de l’homme alors que leur ministre de la Défense recevait le chef de facto de l’Algérie, le général Chengriha, un criminel de guerre responsable des meurtres documentés de civils algériens pendant la sale guerre d’Algérie. L’ironie est évidente !
Les eurodéputés français critiquant le Maroc devraient d’abord dénoncer le harcèlement et les menaces de l’Algérie contre les militants algériens et kabyles vivant sur le sol français et enquêter sur les relations secrètes entre le célèbre chef de la police nationale algérienne Farid Zineddine Bencheïkh et les services de renseignement français.
Malgré la longue liste d’atteintes aux droits perpétrées par le régime de Chengriha, les affaires de droits humains n’ont jamais été à l’ordre du jour de Macron lors de sa récente visite en Algérie. Le président français a commodément évité de mentionner l’arrestation et la détention de « militants pacifiques, défenseurs des droits civiques et journalistes pour leur expression critique ».
Le soutien ouvert et agressif de Macron au régime militaire en Algérie est dangereux et inquiétant. Dans l’environnement politique du Maghreb aujourd’hui, le soutien de la France à Chengriha représente un danger clair et actuel pour la paix et la stabilité dans la région. La partisanerie politique et militaire croissante entre le gouvernement Macron et la junte militaire à Alger est une menace directe pour le Maroc et un facteur majeur qui nuit à la crédibilité de la France dans la région.
Aujourd’hui plus que jamais, les responsables français doivent reconnaître et accepter la dernière approche agressive et virulente du Maroc qui a amené la lutte diplomatique à ses rivaux. Le Quai d’Orsay doit faire face et respecter les « nouveaux » diplomates marocains mieux formés et plus affirmés sur la scène internationale.
Les diplomates français reconnaissent les enjeux et choisissent une alliance plus étroite avec l’Algérie en réponse à l’influence croissante du Maroc en Afrique. En d’autres termes, Paris est prête à rapprocher le Maghreb d’une guerre régionale pour châtier Rabat pour avoir choisi une alliance militaire forte avec Israël et les États-Unis plutôt qu’un partenariat faible et instable avec la France.
Même si les diplomates français tentent de trouver un compromis en niant l’existence d’une crise entre Paris et Rabat, les responsables marocains estiment que la politique fondamentale de l’Elysée est néocoloniale et ne changera pas de sitôt. La fenêtre pour améliorer les relations est ouverte maintenant mais se fermera bientôt.
Macron et l’armée algérienne font le tour de leurs wagons pour se préparer à répondre à une nouvelle réalité politique et économique en Afrique du Nord. Paris ne peut pas se permettre de perdre Rabat aux mains des Américains et des Israéliens, et le président Macron cherche désespérément à la maintenir dans son orbite. Ainsi, le monde ne doit pas sous-estimer les manœuvres diplomatiques de la France alors qu’elle pousse la région vers une nouvelle confrontation militaire aux conséquences désastreuses pour l’économie mondiale et la paix et la stabilité régionales.
Ecrivain indépendant basé à Washington DC.