LIVRAISON DE DRONES IRANIENS AU « POLISARIO ». L’ALGÉRIE JOUE AVEC LE FEU (DÉCRYPTAGE)

Le 13 septembre 2022, lecollimateur.ma se faisait l’écho d’une livraison de drones iraniens à la Russie … et à l’Algérie. « Des drones suicides iraniens pour la Russie et… l’Algérie », avions-nous en effet titré, précisant que ces appareils étaient de type « Shahed-136 » (Martyr) et « Mohajer-6″ (Témoin).

Un mois plus tard, des informations concordantes indiquent que lesdits drones iraniens ont également été livrés à la milice séparatiste à la solde d’Alger. Ces informations ont été confirmées lundi 3 octobre par le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, M. Nasser Bourita, lors d’une conférence de presse organisée à l’issue de ses entretiens avec son homologue yéménite, Ahmed Awad Bin Mubarak.

Bien sûr, ce développement est dangereux puisque, d’abord, il confirme une fois de plus l’implication iranienne dans le conflit autour du Sahara marocain, à travers l’entraînement et l’armement de la milice séparatiste, cause principale de la rupture par Rabat de ses relations diplomatiques avec Téhéran, le 1er Mai 2018 ; plus encore, il implique une livraison d’armes avancées à la milice séparatiste avec un financement algérien.

Ce développement remet inéluctablement à l’esprit le scénario que le régime iranien a mijoté contre le Yémen et son voisin immédiat l’Arabie Saoudite, devenue la cible d’attaques aux drones menés par les miliciens houtis de confession chiite. 

Le danger de « transplantation » par l’Iran du « cas yéménite » en Afrique du Nord, avec la complicité criminelle de la junte algérienne, est bel et bien là.

L’alerte lancée par M. Bourita, hier depuis Rabat, doit donc être prise au sérieux par la communauté internationale, notamment l’Europe qui ne peut continuer de « fermer l’oeil » sans risquer de voir s’encastrer à son flanc sud une base arrière iranienne, avec ce que cela comporte de menace pour la stabilité de la région. Idem pour les États-Unis qui sont appelés à prendre des sanctions contre l’Algérie, devenue du fait de ses accointances avec l’Iran un véritable danger pour la paix et la stabilité régionale. Il en va de même pour la Ligue des États arabes qui, à l’occasion du Sommet prévu début novembre prochain à Alger, doit remonter les bretelles à la junte.

L’Algérie doit aussi comprendre que toute utilisation de drones à partir de son sol, impliquera une riposte foudroyante de la part des Forces Armées Royales, qui sont mieux équipées et suffisamment entraînées pour neutraliser toute forme de menace, y compris les drones iraniens qui ont  brillé par leur inefficacité sur le théâtre ukrainien.

Les drones iraniens, une (in)efficacité à toute épreuve!

« Les industries de défense iraniennes ont tendance à privilégier le côté bon marché au contrôle qualité, de sorte que leurs systèmes présentent généralement un taux de défaillance assez élevé », estime Jeremy Binnie, un analyste au centre de recherche britannique Janes. Les cibles des Shahed sont en outre verrouillées par GPS, et leur charge explosive « relativement faible », indique-t-il, en référence à l’utilisation desdits drones par l’armée russe en Ukraine. « Cela nécessite du renseignement militaire fiable derrière les lignes ukrainiennes, ce sur quoi les Russes pèchent jusqu’ici », dit l’analyste. « Pour l’instant, les drones iraniens n’auront pas un impact majeur sur la guerre », prédit-il.

 

 

Même son de cloche relevé chez la porte-parole de l’armée urkrainienne, Natalia Goumeniouk. Les drones iraniens « sont certes très difficiles à détecter, ils volent très bas. Mais ils font beaucoup de bruit, comme une tronçonneuse ou un scooter », a-t-elle ironisé. « Depuis le 13 septembre, quand Kiev a abattu son premier drone iranien, environ « deux douzaines » d’entre eux ont été aperçus dans le sud ukrainien, pour moitié neutralisés », assure-t-elle.