Gouvernement argentin: Jeu de chaises musicales

Une journée frénétique dans les sphères du gouvernement en Argentine. Le regroupement de trois grands départements économiques au sein d’un seul « super-ministère » a donné lieu à un immense jeu de chaises musicales dont le point d’orgue a été la nomination du président de la Chambre des députés, Sergio Massa, à la tête de ce département tentaculaire.

Sergio Massa, un homme politique haut en couleur et soutien infaillible du président Alberto Fernandez, prend les rênes d’un département qui englobe les ministères des finances, de l’agriculture et du développement productif.

Sa nomination a été accompagnée, en l’espace de quelques heures, d’une cascade de départs forcés de certains ministres et hauts responsables et le changement d’affectation d’autres personnages politiques.

Le communiqué laconique de la présidence argentine qui a confirmé l’arrivée de Sergio Massa au gouvernement insiste sur sa mission phare: gérer « les relations avec les organismes internationaux, bilatéraux et multilatéraux de crédit », particulièrement avec le Fonds monétaire international (FMI) et le Club de Paris.

Ce communiqué a été le premier d’une série d’autres textes aussi laconiques sur les remaniements décidés dans la foulée par le président Fernandez.

Le deuxième communiqué a annoncé le départ d’un autre poids lourd du gouvernement. Daniel Sciolli, un ancien candidat à la présidence en 2019 et jusque-là ministre du développement productif (équivalent au ministère de l’industrie), quitte le gouvernement après seulement 43 jours en poste. Il reprend son ancien poste d’ambassadeur au Brésil, où « il a réalisé un excellent travail », tient à souligner le communiqué présidentiel.

Une autre haut responsable a eu une carrière gouvernementale éphémère. Il s’agit de la jeune ministre de l’économie, Silvina Batakis, restée en poste 26 jours seulement. En guise de consolation, Batakis a été placée à la tête d’une banque publique.

Son départ a été précédé par celui du ministre de l’agriculture, Julian Dominguez, dont le département passe sous la coupole du nouveau « super-ministre », Sergio Massa.

Le département de l’agriculture a été au centre d’un débat tendu, voire spasmodique, entre les grandes fédérations des exploitants agricoles et le président Fernandez qui leur a reprochés de thésauriser les dollars, fruit de leurs exportations au moment où le pays en a grandement besoin.

Peu auparavant, un des hommes de confiance du président a quitté le navire gouvernemental. Il s’agit du conseiller présidentiel pour les affaires stratégiques, Gustavo Beliz.

Il a été immédiatement remplacé par la directrice de l’administration des impôts et des recettes de l’Etat, Mercedes Marco del Pont.

Selon la presse locale, le nouveau « super-ministre » a exigé le départ de cette dernière pour placer un de ses proches à la tête de cette administration au cœur de la stratégie économique, financière et monétaire du pays.

Chose faite le même jour, puisque le fauteuil laissé par Marco Del Pont sera occupé par Carlos Castagneto, un technocrate proche collaborateur de Sergio Massa.

Face à cette restructuration de l’Exécutif dans un contexte de crise économique, la réaction de l’opposition de droite ne s’est pas fait attendre évoquant une « improvisation » et l’absence d’une feuille de route. La coalition « Ensemble pour le changement » a indiqué, qu’au-delà de ces changements de hauts responsables, le gouvernement est surtout invité à définir un plan de sortie de crise et « changer de cap pour palier aux turbulences de change et à l’escalade inflationniste ».

Après cette journée mouvementée, les regards seront braqués désormais sur la présidence de la Chambre des députés qui sera vacante dès la semaine prochaine.