Entre le marteau du Covid-19 et l’enclume de la crise économique, l’Afrique du Sud s’enlise

Les horizons de l’Afrique du Sud ne cesse de s’assombrir. La pandémie du Coronavirus (Covd-19) prend de l’ampleur. Les indices économiques n’augurent rien de positif pour ce pays qui semble se diriger vers l’impasse.

La situation économique, déjà fragilisée par de longues années de mauvaise gouvernance, est bien partie pour une dégradation désormais consommées.

Business For South Africa (B4SA), une alliance fondée il y a quatre semaines en réponse à la pandémie du Coronavirus, a tiré la sonnette d’alarme en publiant mardi un rapport pour le moins inquiétant. D’après l’alliance, l’économie sud-africaine devra se contracter de 8 à 10 pc en 2020, un record jamais égalé.

Plus d’un million de Sud-Africains devront rejoindre les armées de chômeurs qui sillonnent les rues de ce pays, où le chômage était estimé à environ 30 pc de la population active bien avant l’arrivée de l’apocalyptique pandémie du Coronavirus.

L’alliance B4SA souligne que la dette publique devra continuer à augmenter dans ce contexte pour atteindre plus de 10 pc du Produit Intérieur Brut. Ce n’est que vers la mi 2021 que l’économie sud-africaine pourrait commencer à voir le bout de ce long tunnel, estime la même source.

Le gouvernement sud-africain avait certes anticipé l’énorme impact de la pandémie du Coronavirus sur l’économie. Cependant, les analystes argumentent que l’ampleur de la crise menace de dépasser toutes les prévisions.

Les chiffres publiés au sujet de la trajectoire de la pandémie en Afrique du Sud effrayent et devront empirer une situation économique et sociale qui ne supporte plus aucune pression.

Dimanche dernier, le directeur général du ministère sud-africain de la Santé, Anban Pillay, a fait une présentation devant la commission de la santé au parlement, estimant que le covid-19 n’atteindra son pic dans le pays qu’au mois de septembre.

Le confinement national, actuellement en vigueur, a permis à l’Afrique du Sud de repousser le pire scénario jusqu’à septembre prochain, a dit le responsable, soulignant que les cas d’infection devront dépasser 1,5 million de cas à Gauteng, la province la plus peuplée du pays et qui abrite les villes de Pretoria et Johannesburg.

Les chiffres fournis par le responsable du ministère de la Santé devant les représentants de la Nation arc-en-ciel ont envoyé des ondes de choc dans le pays.

Face à cette situation, le gouvernement, déjà confronté à une sévère crise financière, a exprimé son intention d’approcher les institutions financières internationales pour aider le pays à équiper ses hôpitaux en prévision de la montée de la pandémie mortelle.

Le ministre des Finances, Tito Mboweni, a convoqué, mardi, un briefing avec la presse, pour appeler les Sud-Africains à se préparer à une profonde récession.

La pandémie du Coronavirus n’est pas seulement un choc sanitaire qui exercera d’énormes pressions sur le secteur de la santé, a dit l’argentier sud-africain, mettant en garde que le confinement total du pays poussera tous les secteurs de l’activité économique à la limite de leurs moyens.

Face à cette situation, le gouvernement est amené à explorer toutes les pistes pour trouver des financements strictement réservés à l’effort national visant à freiner la propagation du Covid-19, a dit Mboweni, ajoutant que son département dévoilera les détails de ces financements après l’aboutissement des contacts en cours avec les institutions financières nationales et internationales.

Sur le plan économique global, le responsable a souligné que l’Afrique du Sud n’envisage plus de demander des financements du Fonds Monétaire International (FMI) conditionnés par la mise en œuvre d’un programme d’ajustement structurel.

« Quand il s’agit d’ajustement structurel, le gouvernement sait ce qu’il doit faire », a-t-il dit.

Cette nouvelle déclaration diffère des propos tenus récemment par le ministre des Finances, indiquant l’intention du gouvernement d’approcher le FMI pour aider l’Afrique du Sud dans l’actuel contexte de crise économique.

Ces déclarations avaient provoqué la colère du Congrès National Africain (ANC, au pouvoir), qui a souligné, par la voix de son puissant Secrétaire général Ace Magashule, que les déclarations de Mboweni au sujet d’une demande d’aide du FMI illustrent la nécessité d’une approche de communication plus cohérente et plus disciplinée.

« Nous rejetons la proposition (du ministre des Finances », a dit le responsable du parti, qui n’a pas laissé filer l’occasion pour réitérer son attachement aux fondements idéologiques de l’ANC.

« Nous réaffirmons la nécessité de sauvegarder la souveraineté nationale démocratique de l’Afrique du Sud, le droit fondamental à l’autodétermination et notre indépendance qui n’est pas négociable même au milieu de la crise », a-t-il dit.