Vidéo. Massacre de civils dans les rues de Boutcha, région de Kiev: Horreur et indignation

L’Ukraine a annoncé samedi soir avoir « libéré » la région de Kiev. Dans la ville de Boutcha, en bordure de la capitale, le retrait russe a dévoilé des scènes d’horreur.

DES CENTAINES DE CADAVRES

Près de 300 civils morts dans les combats ont dû être enterrés «dans des fosses communes» car ils ne pouvaient être inhumées dans les cimetières de la ville, tous à portée des tirs russes pendant les combats, a déclaré le maire de Boutcha Anatoly Fedorouk.

« Dans certaines rues, on voit 15 à 20 cadavres sur le sol (…) je ne peux pas dire combien il y en a encore dans des cours, derrière les palissades», a-t-il détaillé. Selon lui, «ce sont les conséquences de l’occupation russe ».

 

 

 

 

Un journaliste de l’AFP a pu constater la présence d’une vingtaine de corps de civils, surtout des hommes, éparpillés dans une rue de Boutcha ce samedi. L’un d’eux avait les mains liées dans le dos avec un morceau de tissu blanc.

« Toutes ces personnes ont été abattues, tuées, d’une balle à l’arrière de la tête», a assuré le maire de Boutcha. Il a ajouté que parmi les habitants de sa ville ayant péri se trouvaient «des hommes et des femmes de tous âges ». « Ce qui m’a le plus choqué, c’est un garçon âgé de peut-être 14 ans ».

Ce dimanche, les corps de 57 personnes ont été retrouvés dans une fosse commune, a déclaré dimanche le chef des secours locaux. Une dizaine de cadavres étaient visibles, certains seulement partiellement inhumés, derrière une église du centre de Boutcha. Plusieurs étaient dans des sacs mortuaires noirs, d’autres portaient des vêtements civils.

KIEV DÉNONCE UN « GÉNOCIDE », LES OCCIDENTAUX CHOQUÉS

« Le massacre de Boutcha était délibéré. Les Russes veulent éliminer autant d’Ukrainiens qu’ils le peuvent », a dénoncé dimanche le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba, sur Twitter.

« Oui, c’est un génocide. L’élimination de toute la nation et des gens (..) Et cela se passe dans l’Europe du XXIe siècle », a renchéri le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur la chaîne américaine CBS.

Côté occidental, Paris, Londres, Berlin ou encore Washington ont unanimement dénoncé des «atrocités», voire des «crimes de guerre». Le président du Conseil européen, Charles Michel, a également réagi sur Twitter en annonçant que de nouvelles sanctions à l’encontre de Moscou étaient «en chemin».

Emmanuel Macron a également dénoncé ces attaques contre des civils. «Les images qui nous parviennent de Boutcha, ville libérée près de Kiev, sont insoutenables. Dans les rues, des centaines de civils lâchement assassinés. Ma compassion pour les victimes, ma solidarité avec les Ukrainiens. Les autorités russes devront répondre de ces crimes», a écrit le chef de l’État sur Twitter.

MOSCOU DÉMENT

Le ministère russe de la Défense a réagi dimanche en assurant que ses forces n’avaient pas tué de civils. Selon Moscou, l’armée russe a offert aux habitants de Boutcha la possibilité de quitter la ville et a distribué 452 tonnes d’aide humanitaire aux civils dans ce secteur.

«Pendant la période au cours de laquelle cette localité était sous le contrôle des forces armées russes, pas un seul résident local n’a souffert d’actions violentes», relate un communiqué.

Selon le ministère russe de la Défense, les images de cadavres gisant dans les rues de Boutcha sont «une nouvelle production du régime de Kiev pour les médias occidentaux».

BOUTCHA, VILLE MARTYRE

Comme la ville voisine d’Irpin, Boutcha a été le théâtre de certains des combats les plus féroces depuis que la Russie a attaqué l’Ukraine le 24 février, quand les soldats russes tentaient d’encercler Kiev.

La ville a été dévastée. Les journalistes arrivés sur place après le retrait russe ont pu constater les trous béants provoqués par des obus dans des immeubles d’habitation, les nombreuses carcasses de voitures brûlées, les supermarchés détruits, les lignes électriques abattues…

Les forces ukrainiennes n’ont pu complètement pénétrer qu’il y a deux ou trois jours dans Boutcha, qui était inaccessible depuis près d’un mois et privée de toute aide humanitaire. Elles ont commencé samedi leurs premières livraisons de produits de première nécessité.

Ces derniers jours, les forces russes se sont retirées de plusieurs localités proches de la capitale après l’échec de leur tentative de l’encercler. Elles quittent les régions de Kiev et de Tcherniguiv, dans le nord de l’Ukraine, avec pour objectif de se redéployer vers l’est.

Source: AFP