Festivals de cinéma au Maroc: entre simulacre et vérité

Nous avons remarqué ces derniers temps, l’émergence de plusieurs festivals de cinéma au Maroc. Il est de notre devoir d’appréhender ce phénomène dans le but de poser les questions justes afin de comprendre le pourquoi de cet engouement pour le septième Art.

Le premier constat que nous pouvons avancer, nous révèle une cartographie de petits festivals de cinéma portés en termes d’organisation par des Associations ou des Ciné-clubs.

En effet, ces derniers se sont retrouvés dans un contexte du déclin des salles de cinéma. Cela dit, le temps des ciné-clubs est révolu et il a fallu trouver des alternatives afin d’assurer leurs continuités. Ils se sont livrés à une quête acharnée pour trouver d’autres pistes d’actions.

La création d’un festival est devenue une nécessité primordiale pour assurer une culture cinématographique auprès d’un public jeune. C’est pour cela qu’au départ, le programme de ces festivals s’est articulé autour des projections de films choisis et présentés par des animateurs avec un débat à l’issue de la projection, des tables rondes thématiques et des ateliers de scénario ou d’analyse filmique. Il faut rappeler que ces projections passent dans des conditions qui ne répondent pas aux exigences d’une bonne qualité de visionnage.

Avec l’avènement du fonds d’aide aux festivals du cinéma par le Centre Cinématographique du Maroc, ces festivals sont passés au stade d’organiser des compétitions avec un jury tout en invitant les réalisateurs dont les films ont été choisis. En déroulant le tapis rouge, on a opté pour le défilé des stars à l’échelle locale. Mais en parallèle avec cette mise à niveau de ces festivals, d’autres vont voir le jour dans une course effrénée de plusieurs associations pour accéder à l’honneur de dérouler le tapis rouge.

Chaque année, plusieurs festivals de cinéma donnent le coup d’envoi à leur première édition avec des compétitions, des hommages, des invités d’exception, des masters class…C’est le moment de se poser la question de la pertinence de l’organisation de ces événements monopolisant une partie considérable du calendrier annuel. Pourquoi ce dédain des autres genres artistiques, ainsi que la facilité qui est à l’origine de l’organisation d’une telle activité ? Est-ce que le cinéma est devenu un art si facile à présenter et à organiser ? Quel est l’impact de ces festivals sur le développement de l’art cinématographique marocain ? Il me semble qu’une prise de conscience de cette tendance doit donner lieu à des études et à des analyses pour nous révéler si ces festivals jouent un rôle important dans le développement du secteur cinématographique au Maroc.

Ce phénomène qui a affecté plusieurs villes marocaines révèle une dynamique et une volonté d’animer la cité. Mais ce mouvement ne doit pas être un simulacre ou une simple marche sur le tapis rouge car le cinéma mérite d’être célébré au-delà de l’éphémère.