Dans la stratosphère politique marocaine, et à l’issue des échéances du 8 septembre, on a commencé à peser autrement les sorties publiques.
Rien d’anormal ! Il s’agit d’une nouvelle séquence où on fait davantage attention pour ne pas perdre l’opportunité d’être dans la sphère de la décision. Tous ceux qui avaient aiguisé leurs armes et en ont usées durant la campagne électorale, ont vite fait d’enterrer toutes les haches de guerre. Comme pour les discours adoucis, on fait les yeux doux.
Rien d’anormal ! L’ingénierie politique exige une démarche réconciliatrice. Les envolées bellicistes cèdent la place aux calculs. La bienveillance reprend ses droits, de la même manière que les calculs s’installant en devoir. C’est que à part deux formations (PJD et PSU, respectivement 13 et un sièges), les autres formations du Landerneau politique donnent l’impression qu’elles voudraient toutes être dans la majorité en gestation.
L’ambition est certes légitime, mais laisse plutôt perplexe. À croire que personne ne croit en l’importance de l’opposition. Au nom de l’intérêt général, la présence dans le prochain gouvernement intéresse l’écrasante majorité des acteurs politiques.
Or, ce même intérêt général voudrait que le pays dispose d’un certain équilibre entre l’institution législative et celle exécutive. Il ne s’agit, ici et maintenant, que d’une lecture « constatative », à travers le prisme de ce qui « circule », notamment par le truchement des commentaires des uns et des autres. N’empêche que cet état de fait est révélateur de prédispositions de fait.
D’ailleurs, avec le lancement des premiers contacts officiels entre le nouveau chef de gouvernement désigné, Aziz Akhannouch, avec les chefs des partis, l’on peut retenir quelques déductions qui vont dans le sens desdites prédispositions.
En effet, suivant le ranking issu des Législatives, le président du RNI a reçu, au siège de son parti, le secrétaire général du PAM, Abdellatif Ouahbi, accompagné de la présidente du conseil national Fatim-Zahra Mansouri, le secrétaire général du PI, Nizar Baraka, venu seul, ainsi que le premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachgar, qui était accompagné de Habib Malki. Respectant les us et coutumes de l’accueil, Akhannouch a reçu ses visiteurs au « péron » du siège de son parti à Hay Ryad, à Rabat.
Face aux médias, le nouveau chef de gouvernement désigné ne dira pas mot.
Rien d’anormal ! À partir du moment que chaque mot aurait été pris pour un indicateur. Alors même qu’il ne s’agit que d’un premier round qui devrait être suivi d’autres.
En revanche, il y a des signes qui ne trompent pas, quitte à tomber dans la tautologie, les trois partis reçus ce lundi se verraient dans la coalition à venir.
Face aux médias, leurs responsables l’ont dit. Ceci se résumerait en peu de mots: « Nous sommes prêts à travailler ensemble pour mener à bien les projets de cette phase d’inflexion dans l’histoire du Maroc, répondre aux attentes des citoyens et réussir la mise en œuvre du Nouveau Modèle de Développement ».
« J’ai envie de dire: « Moi aussi ! », rétorquerait tout autre chef de parti !
Maintenant, il y aurait toujours des nuances à « repérer ». A ce propos, on pourrait relever une petite phrase de Nizar Baraka qui a déclaré, devant micros et caméras, qu’il soumettrait « la proposition » du chef de gouvernement désigné aux instances décisionnelles du parti de la Balance, notamment le Conseil national. On n’en saura pas plus pour le moment !
Ceci étant, les pronostiqueurs seraient, sur la base des coalitions annoncées dans les Régions, en train de muter en parieurs, alors qu’on est juste dans la première phase des contacts !