Vidéo. Le journalisme tombe dans les méandres de la médiocrité après la « montée en puissance » des porteurs de micros et de caméras

Ils avaient raison nos confrères arabophones (les vrais journalistes) qui disaient avec amertume, depuis longtemps déjà, que le journalisme est devenu le métier de celui qui n’en a pas. Aujourd’hui la montée en puissance d’un « journalisme » anarchique, médiocre et moribond qui se nourrit du populisme.

Aujourd’hui il n’est plus besoin de passer par l’ISIC (institut supérieur d’information et de communication), ni même par les écoles privées du journalisme (même si certaines d’entre elles sont sujettes à caution) pour détenir une carte de journaliste. Il suffit d’avoir un micro et une caméra, et rien dans la tête, pour fixer un objectif, de préférence relevant de la vie privée, et laisser la personne en détresse évoquer ses malheurs.

 

 

 

 

Il est difficile aujourd’hui pour un journaliste, digne de ce nom, de couvrir une conférence ou n’importe quel évènement sans être bousculé par cette meute de pseudo journalistes. Ils tendent tous des micros et des caméras, se bousculent, s’insultent et continuent à se chamailler même si l’interviewé a commencé à répondre à leurs questions futiles.

Lors du retour de l’équipe nationale de sa terrible expédition à Conakry, l’objectif de la « meute » a fixé l’entraîneur Vahid Halilhodzic qui ne s’est pas dérobé, bien au contraire. Il était prêt à répondre à leurs questions sauf que les caméras et les micros n’arrivaient pas à rester en place tellement ceux qui les détenaient se bousculaient pour se frayer une place. Médusé, l’‘entraîneur national a dû lever le bras pour leur faire signe de garder le silence afin qu’il puisse parler mais en vain.

Ils ont continué à se chamailler même si Vahid a commencé son intervention en disant une chose importante: « Je remercie Sa Majesté le roi qui s’est occupé personnellement de nous quand on était coincés dans l’hôtel à Conakry. C’est grâce au souverain que nous sommes là ». Dans leur chahut, ils ont raté l’essentiel car ce n’est pas donné à n’importe quel pays d’exfiltrer une équipe de football dans un pays où s’est produit un coup d’état et où les putschistes ont fermé toutes le frontières terrestres et aériennes.

Pis encore, pendant que Vahid était en train de parler à l’un de ceux qui tenait un micro ou une caméra, il a vu passer Ashraf Hakimi et a commencé à hurler son nom alors qu’il était à deux pas de l’entraineur national.

C’est terrible ce qui est advenu du journalisme chez nous car l’un des porteurs des caméras et des micros a abordé le gardien Yassine Bounou en lui posant cette question on ne peut plus révélatrice des dérives dans lesquelles patauge notre journalisme: « Comment avez-vous évité les NÈGRES (Azzaouas en arabe) pour arriver à l’aéroport ? »!!!.

Quand on vous disait qu’ils n’avaient rien dans la tête, on était trop magnanime avec eux car ils sont, tout simplement, indignes de ce métier.