La scène se passe dans un café à Casablanca. L’effervescence politique gagne les esprits. Normal, timing oblige. Bien que la campagne électorale, officiellement et légalement, n’a pas encore été lancée, il y a plein de candidats à la candidature qui font des réunions impromptues. Clandestines ? Non..! Et c’est tant mieux qu’on parle de plus en plus de « la chose politique ».
Cela signifie, tout simplement, que tout le monde s’y intéresse. Parce qu’elle intéresse et concerne tout un chacun. Les jeunes en premier. Loin des idées reçues, soit dit en passant ! Il n’y a pas, il n’y a jamais eu de « divorce consommé » avec la politique. Mais, plutôt, avec les pratiques politiciennes d’un certain nombre, voire un nombre certain, de politiciens. La nuance n’est pas que « langagière ». C’est fait social, sociétal et sociologique, comme dirait un ami. Qui, pour tourner le couteau dans la plaie, me dit que le problème serait dans une classe politique sclérosée qui rabâche ces supposées certitudes face à une jeunesse, entre autres franges de la société, qui se cherche. Sans se retrouver dans l’ambiance discursive et des actes qui l’entourent. Cette même jeunesse qui voudrait des horizons en rupture avec les slogans.
La conversation qui suit m’a interpellé.
» – T’es de gauche toi. Non, c’était quand j’étais gauche. J’avais pas compris. Après, j’ai réduit la distance avec la droite.
– Et toi, tu es de droite. Non, c’était quand j’étais maladroit. Après, j’ai réduit la distance avec la gauche.
– Et toi, tu serais centriste. Oui, il n’y avait pas de canapé. Du coup, je suis entre deux chaises pour essayer de comprendre.
– On dirait qu’il n’y a plus de canapé sur la place. Tout le monde au centre, alors ?
– C’est plus confortable. On n’est pas taxé ! Centre droite, Centre gauche ? Que des variants et c’est universel ! Allons..! ».
On y perd tous les repères !
En suivant la conversation, je me suis retrouvé en plein dans certains débats qui, il y a quelques années, animaient encore la place.
Visiblement, et tout naturellement (que Michel Foucault m’excuse!), les choses ont changé et les mots qui les disent aussi !
Or, c’est ce que « nos » politiques ne « captent » pas. D’un ton paternaliste, tellement dans une démarche verticale, ils font dans la dictée et voudraient qu’on les suive.
C’est l’une des raisons, parmi d’autres, qui fait que le message ne passe pas. La désaffection, inéluctablement, s’ensuit.