L’ex-président sud-africain, Jacob Zuma, s’est officiellement rendu, mercredi soir, à la police pour purger une peine de 15 mois de prison ferme pour outrage à la justice, a annoncé la porte-parole du ministère de la Police, Lirandzu Themba.
« Zuma a été placé sous la garde du Service de la police (SAPS) conformément à l’ordonnance de la Cour constitutionnelle », a déclaré Themba.
Pour sa part, le porte-parole national du SAPS, Vish Naidoo, a confirmé que « l’ancien président a été placé en garde à vue bien avant la date limite de mercredi à minuit », précisant que M. Zuma devrait maintenant être transféré dans un centre pénitencier sous la garde des services correctionnels.
Mercredi soir, la Fondation Zuma a fait savoir que l’ancien président s’est constitué prisonnier et a décidé de respecter l’ordre d’incarcération émis par la Cour constitutionnelle.
Depuis la semaine dernière, les tensions se sont exacerbées dans le pays de Nelson Mandela. Une grande foule s’est rassemblée devant la résidence de M. Zuma dans la ville de Nkandla, à l’est du pays, pour lui exprimer le soutien et empêcher la police de l’arrêter.
Plusieurs artères principales de la ville située dans le fief de l’ancien président au niveau de la province du KwaZulu-Natal ont été bloquées par les manifestants, alors que les autorités ont imposé un confinement strict suite à la troisième vague de contamination à la covid-19 qui ravage le pays.
Dans ce contexte, l’Association sud-africaine des anciens combattants militaires « Mkhonto weSizwe » (MKMVA) a averti que l’Afrique du Sud sera plongée dans la violence si Zuma est emprisonné.
« Il y aura des conséquences catastrophiques si les autorités exécutent la sentence de 15 mois de prison prononcée par la Cour constitutionnelle contre M. Zuma », a déclaré le porte-parole national de MKMVA, Carl Niehaus.
La haute juridiction du pays avait condamné, la semaine dernière, M. Zuma à 15 mois de prison pour outrage au tribunal et a ordonné qu’il se rende aux autorités avant le 4 juillet, sous peine d’être arrêté dans les trois jours suivant cette date limite.
L’ex-président a lancé, mercredi soir, un appel de dernière minute pour mettre fin à son arrestation imminente. Par l’intermédiaire de son avocat Ntanga Nkuhlu Attorneys, Zuma a écrit au juge en chef par intérim Raymond Zondo pour lui demander d’émettre une directive empêchant la police de l’arrêter alors que la date limite de mercredi à minuit approchait.
Dans sa lettre à Zondo, l’ancien président avait demandé que la police ne l’arrête pas dans l’attente de sa demande d’annulation devant la Haute juridiction du pays, qui doit être entendue la semaine prochaine, et d’une demande devant la haute cour de Pietermaritzburg dans laquelle un jugement est attendu vendredi.
En avril dernier, la Cour constitutionnelle avait examiné une requête déposée par la Commission anti-corruption réclamant de la prison pour Zuma pour son refus de témoigner devant elle.
L’ex-président n’a pas respecté la décision de la Cour qui l’a obligé à apporter son témoignage concernant les accusations de corruption portées contre lui.
La Commission judiciaire, présidée par le juge Raymond Zondo, a été mise en place pour enquêter sur le phénomène de la « capture de l’Etat » qui renvoie aux vastes détournements de fonds publics par des hommes d’affaires, des politiciens et des fonctionnaires durant les deux mandats de M. Zuma (2009-2018).
L’ex-président est également poursuivi pour 16 chefs d’accusation de fraude, de corruption et de racket liés à un contrat d’achat d’avions de chasse, de patrouilleurs et de matériel militaire de 4,2 milliards d’euros, signé en 1999. Il est soupçonné d’avoir accepté des pots-de-vin et d’avoir assuré la protection des intérêts d’une filiale de la société française d’armement et d’électronique Thomson-CSF, devenue Thales, alors qu’il était vice-président.