LE MAROC SERA-T-IL UN PAYS GAZIER ?

La recherche des hydrocarbures et particulièrement du gaz fait l’objet  au Maroc  d’une grande attention des pouvoirs publics. Elle est aussi suivie de près par l’opinion publique et occupe une grande place dans les médias.   

Régulièrement des annonces sont faites sur des contrats d’exploration signés et sur les estimations de tel ou tel gisement.

Mais la prudence reste de mise pour l’Office National des Hydrocarbures et des Mines (ONHYM) afin de ne pas dériver vers les surestimations pétrolières du champ de Talsint en 2000.

Lors  du conseil d’administration de  l’ONHYM, tenu le 26 janvier 2021, les chiffres ont montré que pour l’année 2020, au total 13 sociétés opèrent en partenariat avec l’ONHYM, dans la recherche des hydrocarbures conventionnels. 

La  superficie concernée est  de 126 915,08 km² répartie en : 28 permis on shore, 26 permis offshore, 2 autorisations de reconnaissance on shore et 1 autorisation de reconnaissance offshore et 9 concessions d’exploitation (dont 1 ONHYM).

Les investissements sont de près de 398,49 millions de DH par les partenaires et de 113,77 millions de DH pour l’ONHYM.

*** Les perspectives  d’exploitation et de production

Les perspectives portent sur des découvertes importantes au large de Larache, estimées à  28,3 milliards de mètres cubes par  la compagnie britannique Chariot Oil and Gas Limited qui est, d’ailleurs,  très confiante… La production sera opérationnelle en 2024 et ce gisement  dans la zone appelée « Anchois » serait le plus important pour le moment  au Maroc.

A Guercif, la compagnie  Predator Oil and Gas a découvert des quantités exploitables de  l’ordre de 474 milliards de pieds cubes…

Au Gharb, SDX Energy gère plusieurs concessions. En 2020 elle a foré  5 puits, dont 3 sont positifs. Le gaz extrait gaz est vendu aux usines de la zone industrielle de Kenitra.   

Dans la province  de Figuig,  un autre champ important à Tendrara, géré par  la compagnie britannique Sound Energy, fournira les premiers volumes en  2022 sur la base d’un prix de développement inférieur à 5 dollars pour mille pieds cubes. 

L’entreprise a déjà conclu un contrat avec l’entreprise italienne Italfluid Geoenergy pour la liquéfaction du gaz et son transport.

Citons également les champs très prometteurs de Sidi Mokhtar (Meskala)  à Essaouira et à  Chichaoua…

Un autre élément va servir la politique gazière volontariste du Royaume.  Après 25 ans d’exploitation, il est fort probable  que les accords entre le Maroc et l’Algérie, sur le « Gazoduc Maghreb-Europe »… qui prennent fin en 2021… ne soient pas reconduits. 

Le tronçon marocain de  540 km  sera utilisé pour la production et aussi pour l’exportation… du gaz marocain car le potentiel de découverte de nouvelles réserves est certain.

*** Le gazoduc Nigeria Maroc

La question du Gaz a également des prolongements géopolitiques qui impactent la place de notre pays en Afrique et dans le monde.

La forte implication et l’engagement ferme du Maroc dans  le Gazoduc « Maroc-Nigéria » aura des effets bénéfiques sur les plans économique et diplomatique.  Il confortera le rôle de notre pays en tant que leader africain.

Ce projet a été annoncé lors de la visite d’État de Sa Majesté le Roi Mohammed VI au Nigéria en Décembre 2016. Il constitue un modèle dans la coopération Sud-Sud et aussi Nord-Sud.

Ce gazoduc de  5660 km alimentera 14 pays : Nigéria, Bénin, Togo, Ghana, Côte d’Ivoire, Liberia, Sierra Leone, les trois Guinée, la Gambie, le Sénégal, la Mauritanie et le Maroc….et desservira aussi l’Europe.

Les études sont déjà achevées et les accords pour sa construction ont été signés.

Ce gazoduc, que l’Europe envisage favorablement,  jouera un rôle décisif dans la prospérité et la croissance des pays africains.  Il aura aussi un impact sur tous les secteurs de l’économie (industries, engrais, agriculture,…) et de ce fait contribuera à la réduction de l’immigration clandestine qui vide de nombreux pays africains de leurs forces vives. 

Aucune comparaison n’est  envisageable avec le gazoduc « Nigéria- Niger-Algérie » (4000 km), toujours dans les cartons, et qui ne concerne que 3 pays…et dont l’impact économique  n’est ni généreux, ni ambitieux !