Prévue ce samedi 10 avril 2021, la visite du Premier ministre français, Jean Castex, en Algérie n’aura finalement pas lieu. Un communiqué de Matignon a annoncé hier jeudi 8 avril son report sine die, en raison de « l’épidémie de Covid-19 (qui) ne permet pas aux délégations de se retrouver dans des conditions pleinement satisfaisantes ».
Pourtant, le programme de cette visite était réglé comme du papier à musique. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et celui de l’Économie Bruno Le Maire, qui devaient accompagner le Premier ministre, avaient libéré leur journée dans leur agenda. La visite de préparation avait même eu lieu: des conseillers de Matignon se sont rendus sur place pour régler les derniers détails. Bref, tout était fin prêt pour réunir, à Alger, le comité interministériel de haut niveau, lequel n’a pas été réuni depuis décembre 2017.
Que s’est-il passé pour que cette visite tombe à l’eau?
A moins de 48 heures de la visite officielle que devait effectuer le Premier ministre français, à Alger, avant qu’elle ne soit reportée, un ministre du gouvernement algérien s’est manifesté, hier jeudi 8 avril, devant le Sénat algérien, pour qualifier la France d’ »ennemi traditionnel et éternel » de l’Algérie. Hachemi Djaâboub, ministre du Travail, a placé cette phrase inattendue, jeudi, en pleine séance de travail au Conseil de la nation consacrée aux questions des sénateurs au gouvernement.
Précisons en passant, que l’auteur de cette phrase fracassante est membre du gouvernement algérien et que du, coup, son propos revêt un caractère officiel. Dit autrement, Djaâboub (membre du Mouvement islamiste de la société pour la paix, MSP) ne se serait pas hasardé à tenir un tel propos s’il n’avait pas reçu mandat du gouvernement Djerad, protégé du chef d’état-major de l’armée algérienne, Saïd Chengriha.
Mais passons, car en coulisses, un fait n’est pas passé inaperçu à Alger. La République en marche, le parti d’Emmanuel Macron, a annoncé, hier jeudi, ouvrir une antenne à Dakhla, dans le Sahara marocain.
La décision du parti de la majorité présidentielle française n’a évidemment pas plû à l’oligarchie militaire algérienne, qui érige l’hostilité anti-marocaine au rang de « politique d’État »!
Il est clair qu’avec l’annulation in extremis de la visite du PM français, Alger ait tenté de faire chanter la France sur le dossier du Sahara marocain.
La réponse du Quai d’Orsay à Alger n’a pas tardé à intervenir. Hier jeudi encore, une rencontre en ligne a réuni le chef de la diplomatie française, Jean-Yves le Drian, avec son homologue marocain, Nasser Bourita, pour examiner les moyens de consolider le partenariat d’exception entre le Maroc et la France.
N’en déplaise au régime vert-kaki, M. Le Drian a réaffirmé à son homologue marocain le plein soutien de la France à l’Initiative du Maroc pour l’octroi d’un statut d’autonomie pour le Sahara.