Une critique à fleuret moucheté de l’Europe qui ne peut se calfeutrer indéfiniment dans sa position de « spectateur » face aux transformations géopolitiques qui s’opèrent dans la région Moyen Orient et Afrique du Nord. Celle que vient de lancer le MAE Nasser Bourita, en marge de la Conférence ministérielle de soutien à l’initiative d’autonomie sous la souveraineté du Maroc, tenue en visioconférence hier vendredi à l’initiative du Maroc et des États-Unis, avec la participation de 40 pays.
« L’Europe doit sortir du confort de dire qu’il y a un processus, et nous soutenons ce processus, même si ce processus doit durer encore des décennies », a dit M. Bourita, lors d’un point de presse, au siège du ministère des Affaires étrangères, à Rabat.
L’Europe ne peut s’accommoder de réitérer indéfiniment ce « soutien au processus », l’essentiel étant le résultat et non le processus qui n’est d’ailleurs pas une fin en soi. L’Europe doit passer à un degré plus élevé d’engagement dans les efforts pour une solution politique réaliste et pragmatique au conflit plus que quarantenaire créé autour du sahara marocain; elle ne peut se permettre de « regarder le train passer », d’autant moins que la région est à l’orée de grands changements géopolitiques, au Moyen Orient et en Afrique du Nord, après l’enclenchement de la dynamique de rapprochement israélo-arabe et la reconnaissance US de la marocanité du Sahara.
Pas moins de quarante pays, à leur tête les États-Unis d’Amérique, ont apporté un soutien massif et franc à l’initiative du Royaume du Maroc pour l’octroi d’un statut d’autonomie au Sahara. Hormis la France, qui soutient clairement l’offre d’autonomie, les autres pays européens quoique convaincus du bien-fondé de la proposition marocaine, hésitent hélas à l’exprimer ouvertement.
« La position américaine doit interpeller l’Europe sur son degré d’engagement, pour que cette direction prise par la communauté internationale, qui est celle d’une solution dans le cadre de l’autonomie sous souveraineté marocaine, soit également celle de l’Europe dans son unanimité », a exhorté le MAE Nasser Bourita.
L’Europe est donc appelée à prendre le train en vitesse, elle ne peut se permettre de manquer ce rendez-vous crucial sans risquer d’insulter l’avenir, le sien et celui de la région tout entière.