Enseignement à distance pour les élèves, dépression assurée pour les parents

L’enseignement à distance ne vaudra jamais le présentiel avec le professeur dans une classe surtout dans un pays comme le Maroc où  les ressources numériques et audiovisuelles ne sont pas à la portée de tous les élèves et de tous les professeurs. Tout le monde en convient mais ce qui est encore plus terrible c’est que des écoles publiques n’ont pas, encore, commencé à dispenser des cours à distance à Casablanca.

Le ministre de l’Education nationale, Saïd Amzazi, qui a promis monts et merveilles en TIC devrait enquêter pourquoi la rentrée scolaire tarde à débuter dans plusieurs établissements de la capitale économique. Ceci étant l’enseignement à distance n’a pas seulement montré ses limites en matière d’apprentissage mais il a provoqué beaucoup de conflits familiaux.

Et pour cause les parents ne peuvent pas se transformer en professeurs, ni en gardiens de la paix pour surveiller leurs enfants et vérifier s’ils suivent le cours avec le groupe où s’ils passent leur temps à faire des virées dans les réseaux sociaux. En tout cas face à cette situation inédite les parents ne savent pas à quel saint se vouer surtout ceux qui travaillent et qui laissent leurs enfants seuls à la maison.

Quant aux mères aux foyers elles sont au bord de la dépression car elles sont tiraillées par le manque de concentration et d’assiduité de leurs enfants et leurs occupations ménagères. Non habitués à cette corvée supplémentaire pères et mères le font savoir via les réseaux sociaux en piquant de grosses colères, voire en affichant des dépressions nerveuses avérées.

Une maman a été tellement déprimée qu’elle n’a pas hésité à exploser sur WhatsApp : « En deux jours d’enseignement à distance je suis extenuée avec mon fils qui ne veut pas suivre les cours. Je n’en peux plus si vous voulez que je l’emmène à l’école tout seul je le ferais. Je suis prête à vous signer toutes les décharges que vous voulez et si jamais il attrape le coronavirus j’en suis la seule responsable et je prendrais en charge les frais de son hospitalisation. Gardez-le même si vous le voulez et je vous paie… ».

Le père d’un enfant en CP se plaint auprès de l’institutrice: « Mon fils m’a apporté la tablette et m’a demandé comment il faut faire pour entrer dans le groupe de la classe, chercher le lien de zoom, etc.  C’est trop pour un enfant de six ans sachant que moi-même je n’y comprends rien. Il faut trouver une solution ». Et dans un excès de colère il s’exclama: « Oustada je n’ai pas un Chinois chez moi !!! ».

Un autre père dont le fils est inscrit dans une école privée est lui aussi à bout de nerfs surtout qu’il est divorcé et qu’il a en charge deux enfants : « Je n’ai pas payé les frais de scolarité pour garder mes deux enfants. Je n’ai qu’un seul téléphone que j’utilise dans mon travail. Conseillez-moi Oustada est ce que je dois emmener mes enfants au travail pour qu’ils prennent des cours à distance? ». Tout a été dit.