Les leaders de la majorité gouvernementale devraient se réunir aujourd’hui après plusieurs mois d’hibernation émaillés par plusieurs évènements politiques, économiques et sociaux. Pourtant, ce ne sont pas les divergences qui manquent au sein d’une coalition hétéroclite où tout ou presque sépare ses composantes.
Les dossiers en instance s’accumulent depuis quelques années à cause de l’opposition systématique du PJD censé être le chef de file du gouvernement. Pis encore, les parlementaires islamistes poussent parfois l’outrecuidance jusqu’à voter contre un texte que les autres partis de la majorité avaient approuvé. Autant dire que l’on assiste, depuis longtemps, à une majorité de façade qui gère les affaires courantes tout en mettant au frigo les dossiers que le PJD ne désire pas traiter.
A tel point que lors du blocage de la loi-cadre sur l’enseignement, certains ministres n’ont pas hésité, lors d’un conseil de gouvernement, à approuver l’idée de l’Istiqlal de demander un vote de confiance. Le PJD qui porte la double casquette d’allié et d’’opposant joue beaucoup plus le populisme électoral que l’efficacité gouvernementale. Du coup, il a bloqué, pendant longtemps, la loi-cadre à cause de l’article sur l’enseignement en français des matières scientifiques et techniques.
Une attitude qui relève de la psychologie puisque la plupart des dirigeants islamistes inscrivent leurs enfants dans des écoles où l’on enseigne tout en français. Même le fils du plus grand défenseur de la langue arabe, l’inénarrable Abdelilah Benkirane, a étudié à l’ISCAE avant de bénéficier d’une bourse pour aller suivre ses études en… France.
Jusqu’à preuve du contraire, on ne dispense pas des études du commerce, de marketing et d’administration d’entreprise en arabe dans le pays de Voltaire. C’est dire qu’au PJD on n’est pas à une contradiction près quand ses députés s’opposent à la réforme du code pénal, au modèle de développement, à la réforme de la loi électorale, voire à des articles dans la loi de finances que les partis de la majorité avaient approuvés.
Normal donc que les leaders des partis de la coalition gouvernementale n’arrivent pas à se réunir même quand le pays traverse des circonstances difficiles. C’est une hérésie politique que des dirigeants comme El Othmani(PJD), Akhannouch (RNI), Laenser (MP), Lachgar (USFP) et Sajid (UC) n’aient pas provoqué une réunion d’urgence après le déclenchement de la pandémie du coronavirus dans notre pays en mars dernier.
C’est encore plus aberrant qu’ils ne puissent pas se réunir après que le Roi Mohammed VI a consacré l’intégralité du discours qu’il a prononcé lors de l’anniversaire de la révolution du roi et du peuple à la situation épidémiologique gravissime que connaît notre pays.
D’ailleurs personne parmi les chefs des partis de la majorité n’attend un quelconque résultat de la réunion d’aujourd’hui qu’ils vont consacrer certainement à leurs divergences sur la réforme électorale. La situation épidémiologique et ses graves conséquences socio-économiques sur la population peuvent attendre.