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Promenade parisienne à deux, au cœur du savoir et de la mémoire

Par: Mohamed KHOUKHCHANI

Par: Mohamed KHOUKHCHANI

Jeudi 18 décembre 2025.

En ce jeudi d’hiver, Paris nous a accueillis avec cette lumière douce et légèrement voilée que seule la saison froide sait offrir. Mon épouse et moi avons choisi de marcher, simplement marcher, laissant nos pas nous guider à travers les artères mythiques de la rive gauche : Saint-Michel, Saint-Germain, ces noms qui résonnent comme des chapitres entiers de l’histoire intellectuelle et sentimentale de la capitale.

Dès les premiers pas, le boulevard Saint-Michel s’est imposé comme une colonne vertébrale vivante. Les librairies, les cafés, les silhouettes pressées des étudiants et des promeneurs dessinaient une scène familière et pourtant toujours renouvelée. À mes côtés, mon épouse observait, attentive, comme si chaque façade avait quelque chose à raconter.

Le Quartier latin : savoir, République et transmission

Très vite, la Sorbonne s’est dressée devant nous, solennelle et discrète à la fois. Temple du savoir depuis le Moyen Âge, elle semble porter sur ses pierres la mémoire de générations d’esprits en quête de vérité. Ici, l’université n’est pas seulement un lieu d’enseignement : elle est une idée, presque une promesse faite à l’intelligence humaine.

Un peu plus loin, le Panthéon dominait l’espace, majestueux. « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante » : la devise semblait murmurer à chacun de nos pas. Voltaire, Rousseau, Hugo, Jaurès, Marie Curie… leurs noms traversaient nos pensées comme une procession silencieuse. Le Panthéon n’écrase pas, il élève.

Nous avons ensuite longé la mairie du 5ᵉ arrondissement, élégante et républicaine, avant de nous arrêter quelques instants devant deux hauts lieux de l’excellence française : les lycées Henri-IV et Saint-Louis. Là, des générations d’élèves ont appris la rigueur, la discipline de l’esprit, la patience face aux textes et aux idées. À proximité, le ministère de l’Enseignement supérieur rappelait que la transmission du savoir est aussi une affaire d’État, de choix collectifs et de vision d’avenir.

La montagne Sainte-Geneviève : une colline chargée de siècles

En gravissant doucement le mont de Sainte-Geneviève, nous avons eu le sentiment de remonter le temps. Bien avant Paris, il y eut Lutèce, cité gallo-romaine, dont cette colline constituait déjà un point stratégique. Plus tard, Sainte Geneviève, figure fondatrice et protectrice de la ville, donna à ce lieu une dimension spirituelle profonde.

 

 

Du Moyen Âge aux Lumières, de la foi à la raison, cette colline a vu cohabiter monastères, collèges, bibliothèques et écoles. Elle résume à elle seule l’histoire de Paris : une tension féconde entre croyance, savoir et engagement civique. Marcher ici, main dans la main avec mon épouse, c’était ressentir la continuité des siècles, sans lourdeur, avec une étonnante douceur.

Notre-Dame : la fin du parcours, le début de l’émotion

Notre promenade s’est achevée par un moment à part : la visite de Notre-Dame de Paris, de nouveau ouverte au public après les terribles dégâts de l’incendie qui avait bouleversé le monde. En franchissant le seuil, une émotion silencieuse nous a saisis.

La cathédrale, restaurée avec patience et respect, semblait à la fois blessée et renaissante. Les pierres nettoyées, la lumière retrouvée, l’élévation intacte : tout témoignait de la capacité humaine à réparer, à transmettre, à ne pas renoncer. Nous sommes restés quelques instants sans parler, laissant le lieu nous envelopper.

Épilogue

En ressortant, la nuit tombait doucement sur Paris. Cette promenade n’était pas seulement un itinéraire urbain ; elle fut un voyage à travers l’histoire, le savoir, la foi et la République, vécu à deux, dans la simplicité du pas partagé. Paris, une fois encore, nous avait rappelé qu’elle n’est jamais aussi belle que lorsqu’on la parcourt lentement, avec quelqu’un que l’on aime.

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