L’organisation Amnesty International (AI) n’a d’autre choix que de fournir des preuves au gouvernement marocain ou de retirer ses accusations infondées contre le Royaume, a affirmé mercredi le ministre d’État chargé des droits de l’Homme et des relations avec le Parlement, Mustapha Ramid.
« L’organisation devra soit présenter des preuves matérielles, soit retirer ses accusations infondées si elle s’attache à sa noble mission de défense des droits humains et aux principes de crédibilité, de neutralité et d’objectivité », a-t-il déclaré devant la Commission de la justice, de la législation et des droits de l’Homme à la Chambre des représentants.
M. Ramid a souligné à cet égard que « toute persistance dans les allégations mensongères et préjudiciables à la situation des droits de l’Homme au Maroc ne servira en rien la cause des droits, pas plus qu’elle porte atteinte à la réputation de l’organisation ».
Le Royaume, a-t-il assuré, reste ouvert au dialogue et à l’interaction positive avec toutes les ONG internationales actives en toute liberté sur le territoire national, y compris AI qui dispose d’une antenne au Maroc.
« Notre pays s’engage en faveur de la coopération positive avec toutes les organisations pour peu qu’elles respectent les lois du Royaume et les normes internationales encadrant leur action, avec à leur tête l’objectivité et la neutralité », a-t-il expliqué, relevant que le Maroc accueille favorablement les contributions fondées sur la critique constructive s’inscrivant dans le sens de la consolidation des acquis en matière des droits humains.
Rappelant que Amnesty s’est dotée en 1997 d’une antenne au Maroc où elle a toujours exercé ses activités en toute liberté, M. Ramid a fait observer que les autorités marocaines ont constaté depuis des années un changement d’attitude de l’organisation à l’égard du Royaume en faisant prévaloir une approche plutôt négative de la situation des droits de l’Homme dans le pays.
Depuis 2015, a-t-il précisé, AI a publié une centaine de communiqués et de rapports qui, pratiquement, ignorent les réformes structurelles adoptées par le Maroc en la matière et foulent aux pieds les principes fondamentaux de neutralité et d’objectivité.
Citant à cet égard le rapport publié le 22 juin dernier, le ministre d’État a affirmé qu’il comporte des allégations non fondées ou étayées de preuves au sujet du « recours par le Maroc à une technologie de surveillance informatique à l’aide d’un programme utilisé dans la lutte contre le crime transfrontalier ».
Le ministre a également évoqué les divergences autour des allégations selon lesquelles le rapport aurait été transmis au gouvernement avant sa publication, en tenant au courant les responsables au ministère d’État.
Il a en outre indiqué avoir demandé des explications aux responsables concernés qui ont assuré n’avoir reçu aucun message électronique à ce sujet, en dehors d’un rapport administratif contenant des données techniques qui confirment que ces responsables n’ont reçu aucune lettre d’AI avant la publication du rapport.
En corrélation, il a relevé que l’approche adoptée par l’organisation à l’égard de la situation au Maroc durant les dernières années se caractérise par des estimations à caractère général et des conclusions basées sur des cas isolés, non vérifiables ou sur des sources inconnues, ou bien en faisant référence à une étape ancienne. Cela soulève des questions sur le degré d’objectivité de l’analyse et des preuves présentées, ainsi que sur le respect des normes et des principes de référence dans le domaine d’investigation et d’enquête reconnus au niveau international, a-t-il soutenu.
Le ministre d’État a contesté aussi l’approche d’élaboration des rapports annuels faite sur la base des données et des informations émanant d’une seule source, tout en se focalisant sur la situation des droits de l’homme dans les provinces du sud en s’appuyant sur des informations recueillies auprès des ennemis de l’intégrité territoriale du Royaume et la publication de recommandations à caractère politique. En revanche, a-t-il fait remarquer, l’organisation ferme ses yeux sur les violations des droits de l’homme dans les camps de Tindouf, confirmées par des mécanismes internationaux et d’autres organisations internationales.
En réponse aux interventions des membres de la commission, M. Ramid a fait état “de véritables divergences avec l’organisation, mais nous n’allons jamais fermer les portes aux organisations internationales, entraver leur action ou fermer leurs bureaux. Les positions du Royaume du Maroc sont constantes et claires et demeureront ainsi”.
Par ailleurs, il a affirmé que le projet de code pénal comporte plusieurs dispositions portant sur les recommandations de l’Instance Équité et Réconciliation. En cas d’adoption par les deux Chambres du parlement, plusieurs de ces recommandations seront mises en œuvre effectivement, a-t-il conclu.