
Par: Saïd Bouaïta
Ces derniers temps, les réseaux sociaux et certains médias ont été dominés par des discussions, parfois à la limite de la contradiction, concernant l’afflux massif de migrants africains dans diverses villes marocaines. Si la plupart d’entre eux considèrent le Maroc comme une porte d’entrée vers l’Europe, certains ont choisi le Maroc pour y vivre de façon permanente. Dans les deux cas, la pauvreté, le chômage et l’instabilité économique, politique et sociale de leur pays d’origine les ont poussés à partir. Si les conditions de vie dans leur pays avaient été plus favorables, ils n’auraient pas choisi d’émigrer. Car, comme le dit le proverbe marocain, «Le chat ne fuit jamais la maison où se déroule un mariage ».
Mais comme le propriétaire/responsable politique avait pris « le grain et la paille » pour lui, ils ont choisi d’émigrer. Si le propriétaire avait pris le grain et leur avait laissé au moins la paille, ils auraient mangé la paille et se seraient graissé la bouche avec du beurre, comme le dit le proverbe marocain.
Notre point de vue ne repose pas sur des considérations discriminatoires ou racistes envers nos frères africains. Nous cherchons simplement à soulever une question épineuse qui requiert une stratégie et une vision globales de la part des responsables marocains concernant l’immigration et ses différentes problématiques.
Entre migration et installation
Malgré les préoccupations et les défis sécuritaires, sociaux et économiques posés par la migration africaine au Maroc, qui représentent un véritable défi pour les autorités marocaines dans la gestion de cette migration et la fourniture de services de base aux migrants, les raisons du choix du Maroc comme pays d’installation peuvent parfois varier selon le groupe de migrants.
La plupart des migrants africains sont contraints de rester au Maroc, notamment après des tentatives infructueuses de migration vers l’autre côté, ou faute de pouvoir prétendre aux sommes exorbitantes souvent exigées par les passeurs (réseaux de traite d’êtres humains). Certains étudiants ou travailleurs qualifiés, cependant, trouvent des raisons évidentes de choisir le Maroc comme lieu d’installation, ce qui renforce leur désir d’y rester et de s’y installer.
Cette grande similitude culturelle et sociale avec certains autres pays africains d’origine des migrants signifie que ces derniers ne constatent pas de différences significatives dans leurs modes de vie. Cela facilite leur adaptation et leur évite un sentiment d’exclusion. D’autant plus que le marché du travail offre également des perspectives aux migrants qualifiés, ce qui permet à de nombreux travailleurs qualifiés de trouver leur place.
D’autres estiment que les études universitaires au Maroc sont moins complexes que dans certains autres pays africains (le Sénégal, par exemple), permettant une intégration en douceur pendant les années d’études et au-delà.
Un environnement favorable à la migration au Maroc
Aujourd’hui, le Maroc offre un environnement accueillant aux migrants africains, permettant à nombre d’entre eux de s’intégrer rapidement dans différentes villes marocaines. Certains d’entre eux ont terminé leurs études et ont choisi de s’installer ici comme salariés ou de créer leur propre entreprise, notamment dans les grandes villes (comme Casablanca).
Cependant, l’évaluation de la contribution des migrants africains à l’économie marocaine reste difficile en raison du manque de statistiques précises.
D’autant plus que la plupart d’entre eux considèrent encore le Maroc comme un point de transit, voire un pays exclusivement destiné à l’éducation. Les lycées privés et publics, ainsi que diverses universités marocaines, ont offert de formidables opportunités aux étudiants africains, et nombre d’entre eux ont commencé à préférer poursuivre leurs études au Royaume plutôt qu’en Europe.
À la recherche d’une stratégie d’immigration
De nombreux immigrants africains considèrent la société marocaine comme ouverte et multiculturelle. Malgré les différences entre les nouvelles et les anciennes générations de Marocains, les jeunes Marocains d’aujourd’hui sont plus tolérants envers les immigrants, à l’exception d’une minorité au sein de la société qui se comporte parfois de manière étrange et se montre marquée par une certaine hostilité et des conflits.
À cette fin, le Maroc élabore des stratégies pour faire face à cette migration, en apportant le soutien nécessaire aux migrants et en améliorant leurs conditions de vie, tout en renforçant les partenariats internationaux pour lutter contre la traite des êtres humains et la migration irrégulière. Le Maroc cherche également à renforcer la coopération régionale et internationale pour parvenir à un développement durable.





