
« Le Maroc est le seul obstacle à l’émergence d’un émirat jihadiste au Sahara occidental », fait observer le prestigieux Center for The National Interest, think tank spécialisé dans les questions de politique étrangère et de sécurité nationale américaine, dans un article assez argumenté et documenté paru dimanche 9 juin 2025 sous le titre significatif: « Pourquoi le polisario menace le Maroc et la région ».
Cet article, publié sous la plume d’Ahmed Sharaoui, analyste de recherche à la Fondation pour la défense des démocraties, spécialisé dans les affaires du Moyen-Orient et l’intervention iranienne dans les affaires arabes, déconstruit d’emblée les liens incestueux d’un mouvement « autrefois perçu comme nationaliste laïc » avec la nébuleuse djihadiste essaimant dans la région sahélo-saharienne.
Le « polisario », une franchise du terrorisme international
« Autrefois perçu comme un mouvement nationaliste laïc, le Polisario s’est, ces dernières années, allié à certains des acteurs les plus radicaux de la région. Si l’idéologie marxiste a façonné le groupe, avec le soutien de Cuba et de la Libye de Kadhafi, cet héritage a laissé place à une réalité bien plus dangereuse. Aujourd’hui, les camps de réfugiés de Tindouf, dans le sud-ouest de l’Algérie (…) sont devenus un vivier de recrutement djihadiste et un point de convergence pour les réseaux extrémistes opérant dans tout le Sahel », explique le think tank américain, initialement connu sous le nom de Nixon Center for Peace and Freedom.
Bien plus qu’un vivier, un cas d’école pour les jihadistes de tous bords. Pour s’en apercevoir, il n’est qu’à constater que les émirs des groupes terroristes les plus sanguinaires dans la région du Sahel sont d’origine tindoufienne. Le think tank américain en veut pour exemple et preuve le sinistre Adnane Abou Walid al-Sahraoui, de son vrai nom Lehbib Ould Ali Ould Saïd Ould Joumani, ancien élément de la soi-disant « armée sahraouie » devenu émir de l’Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS), lequel a surpassé Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) sur l’échelle de l’horreur. En 2019, la tête de cet émir du sang avait été mise à prix pour 5 millions de dollars par l’Administration américaine. Désigné « ennemi prioritaire » par la France, il a finalement été neutralisé par une frappe de la force Barkhane en août 2021.
Autre preuve à charge, et non des moindres: « En 2008, la cellule terroriste Fath al-Andalus a émergé des camps de Tindouf, suivie en 2009 par le groupe « Khilafah », qui a prêté allégeance à Daech », rappelle la même source, se référant à un rapport des services de renseignement allemands notant que « Daech et Al-Qaïda opèrent librement dans les camps de Tindouf et dans la région sahélo-saharienne au sens large ».
« Polisario », un « sYrial-killer » au service de l’Iran
Le périmètre d’action de la milice du « polisario » ne s’est pas limitée à la région du Sahel. « Un rapport du journal allemand Die Welt a révélé que le « polisario » avait tissé des liens directs avec le Hezbollah soutenu par l’Iran, notamment des appels interceptés entre Mustafa Muhammad Lemine Al-Kitab, agent de liaison du Polisario en Syrie, et un agent du Hezbollah »,note le think tank américain. « Lors de ces conversations, Al-Kitab exprime sa solidarité idéologique avec l’axe de résistance iranien, saluant l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre et envisageant un front uni incluant Gaza, le plateau du Golan, le sud du Liban et même le Sahara occidental. Il soutient explicitement l’idée d’attaques coordonnées contre Israël impliquant le Hamas, le Hezbollah, l’Algérie et l’Iran. Tout en reconnaissant les capacités limitées du Polisario, il sollicite une aide supplémentaire du Hezbollah et de l’Iran pour attaquer l’ambassade d’Israël au Maroc », certifie-il.
La compromission du « polisario » avec le régime des Mollahs relève chez du secret de polichinelle. Pour rappel, le Maroc avait rompu ses relations diplomatiques avec Téhéran le 1er mai 2018, après avoir établi la preuve de l’implication iranienne dans l’entraînement de la milice tindoufienne par la Force Al-Qods relevant du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) et par des experts militaires du Hezbollah libanais. « Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a accusé l’Iran d’armer des groupes extrémistes et des entités séparatistes dans la région arabe, y compris le polisario, en leur fournissant des drones dans le but de « saper la sécurité et la stabilité dans la région ». « En 2022, un responsable du Polisario a déclaré que l’Iran leur fournirait également des drones kamikazes », relève encore le think tank américain.
« La réalité sur le terrain a changé. Le Polisario n’est plus seulement un mouvement séparatiste ; il est aligné sur les adversaires des États-Unis, notamment l’Iran et les réseaux islamistes radicaux », pointe-t-il, en soulignant que le rôle du Maroc, un allié régional clé, dans la lutte contre le terrorisme devient de plus en plus crucial et que, de ce point de vue, il a besoin aujourd’hui plus que jamais du soutien de ses amis et partenaires pour annihiler cette menace.
« Pendant des années, le Polisario a agi en toute impunité. Cela doit cesser », appelle le think tank américain.
Un appel qui doit être traduit en actions, dont la plus urgente est d’inscrire le « polisario » sur la liste des organisations terroristes.
Il est temps, il était grand temps…