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Par Driss Ajbali : tandem d’exception

Par: Driss Ajbali 

L’opiniâtreté me paraît être le trait de caractère, du moins le plus adéquat, pour définir Amale et Amine. Époux dans la vie, ces deux-là constituent un tandem singulier. Dans une forme de division de travail, ils se complètent si harmonieusement que cela les rend redoutablement efficaces. Acteurs médiatiques, ils ont tous les deux pas mal bourlingué dans le journalisme avant de jeter leur dévolu sur le sujet de l’émigration marocaine devenue, pour le coup, leur domaine de prédilection. Avec une expertise avérée, ils ont acquis, au fil du temps, une connaissance inspirante et enviable. De l’émigration, ils savent tout : Les méandres, les soubresauts, le ban et l’arrière-ban.

 

Avec les Trophées Marocains du monde, qui s’est tenu le 9 et le 10 mai pour sa septième édition, Amale et Amine ont installé, avec ténacité et obstination, un rendez-vous. Avec la création de la Fondation TMM, ce duo a érigé un bel écrin où, une fois par an, le temps d’un week-end, ils font scintiller les étoiles dans les yeux de femmes et d’hommes, pourtant rompus et familiarisés avec les hommages et les honneurs dans leurs pays de résidence respectifs. Il faut, cependant, admettre que la lumière des projecteurs marocains a quelque chose d’exceptionnellement poignant, de troublant. Un feu d’artifice d’émotion.

Désormais incontournable, l’évènement de Marrakech de la Fondation TMM, a quelque chose de féerique. Les organisateurs s’ingénient à dérober au temps un instant pour en faire une pause de célébration. Mais pour les connaître depuis des années, le plus admirable, reste le tour de force que ce couple, avec deux enfants, a réussi pour mener à bien cette aventure, surtout au début. Ils l’ont fait avec des bouts de ficelles au moment où des institutions, bien dotées et dédiées à la question migratoire, ronronnent dans leur coin quand elles ne végètent pas.

Qu’on ne s’y trompe pas. La cérémonie des trophées est hébergée dans un grand palace de Marrakech. L’accueil est digne des standards internationaux. L’organisation, le gala, le dîner… le tout est soigné avec un souci de détail qui frise la maniaquerie et qui ferait empourprer le gestionnaire des plus madrés. Pour ce qui est des nominés, il n’est pas plus question de bricoler, de minauder ou de passer les plats à des copains. L’exigence et la rigueur tutoient, ici, l’excellence. Quel que soit le domaine, culturel, sportif, scientifique ou celui du monde de l’entreprise, les sélectionnés sont choisis de manière drastique. Avant d’avoir une chance d’être lauréats, les distingués sont triés sur le volet. Il est plus souvent question de performance que de compétence. Il faut dire que ce dernier terme fut tellement galvaudé qu’il en a perdu son lustre.

Durant la cérémonie, Amale et Amine ne bougent plus. Diablement modestes, ils se réfugient dans le répit. Un temps du repos semblable à celui du chausseur de baleines qui contemple la pêche de la saison. Le chercheur d’or qui scrute la taille de ses nouvelles pépites. Du chasseur de têtes qui, sans répit et avec abnégation, a œuvré toute l’année pour la seule entreprise qui vaille, le pays.

Et comme un sportif en quête d’un nouveau souffle, la fondation TMM s’est imposée, dans l’édition 2025, un nouveau challenge. La cérémonie des trophées est désormais précédée par un forum économique des Marocains du monde. Il faut dire qu’avec une présidente d’honneur du calibre de madame Ilham Kadri, il ne pouvait pas en être autrement. Le premier forum, dédié à l’investissement des MDM au Maroc, a clôturé un cycle de rencontres tenues, tout le long de l’année, en France, en Belgique, en Angleterre ou en Allemagne. Le vendredi 9 mai, cette première session a aggloméré tout ce que le Maroc compte comme acteurs opérationnels dans le domaine de l’investissement à commencer par le ministre responsable du portefeuille, le DG de l’Office de change, le DG de l’AMDIE, le DG de Tamwilcom, , le président de MeM by CGEM et tant d’autres figures.

Pour audacieux qu’il est, ce choix s’inscrit, non pas dans l’air du temps, mais dans les exigences de l’avenir. Dans la foulée du discours de Sa Majesté du 6 novembre 2024, le dossier des Marocains du monde et sa gestion appellent, et je dirais même exigent, un profond aggiornamento. Trêve de paresse. Il ne s’agit plus simplement de conforter et de raffermir « l’attachement au pays » et le bon « accueil avec Marhaba ». Ces deux axes, pour nécessaires qu’ils sont désormais discutables pour ne pas dire anachroniques. Et s’ils ont constitué le paradigme sur lequel a reposé, depuis 1990, l’action publique de l’État marocain avec ses ressortissants à l’étranger, le Maroc est désormais sommé de trouver les ressorts d’un nouveau paradigme, plus adapté aux bouleversements sociologiques et générationnels que connaissent les Marocains du monde.

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