
Par: Zakia Laaroussi
À une époque où la corruption s’est muée en constitution occulte, où les valeurs sont immolées sur l’autel de la médiocrité, où l’intelligence est violée au nom de « transactions », nous élevons ici une voix forte, une clameur indignée contre le fléau de la dévalorisation des diplômes et l’assassinat méthodique de l’ardeur à apprendre chez nos jeunes.
Le baccalauréat, le master, le doctorat… plus aucune de ces distinctions n’a de valeur réelle. Elles se marchandent aujourd’hui comme des légumes au marché ! Quant à ceux qui les obtiennent à force de sueur et de mérite, ils deviennent la risée d’un système perverti. On les nargue avec des proverbes populaires détournés, comme dirait ma grand-mère Khira : « Ce n’est plus celui qui sème qui récolte, mais celui qui dort qui obtient, et celui qui se lève tôt pour apprendre qui trébuche ! »
Où est passé l’esprit d’Ibn Khaldoun, qui affirmait : « L’apprentissage dans l’enfance est comme une gravure dans la pierre » ? Où est la sagesse d’Averroès, pour qui l’éducation était la clef de l’émancipation de l’esprit ?
Aujourd’hui, nous sommes entrés dans l’ère des diplômes prêts-à-porter, du « bac de copinage », des notes offertes contre des faveurs, des recommandations… ou tout simplement une liasse d’argent.
Malheur à nous !
Le système éducatif a été violé de l’intérieur. De l’école primaire jusqu’à l’université, l’éducateur est devenu un fardeau, et le professeur un marchand de certificats dans un marché d’esclaves intellectuels. Ce qui n’était qu’un murmure parmi les consciences éveillées est devenu une explosion : à l’Université Ibn Zohr d’Agadir, un professeur d’enseignement supérieur, censé incarner l’exemplarité, est accusé d’avoir monnayé des diplômes. De l’argent. Rien que de l’argent.
Et qui en a bénéficié ? Des avocats, des héritiers de familles aisées, en quête de statut social, non de savoir.
Nous ne sommes plus au temps du « Qui sème récolte », mais à l’ère du « Qui paye rafle la mise ».
Là est le scandale suprême : quand l’enseignant se plie devant l’élève, non pour lui transmettre la lumière du savoir, mais pour troquer son intégrité. Pour de l’argent. Parfois pour d’autres formes de troc abjectes.
Nous vivons l’ère des « diplômes express », des « masters-minute », des « doctorats surgelés » sortis d’emballages préfabriqués.
Où es-tu, Abou Othman (al-Jâhiz) ?
Ta voix s’est tue, et les influenceurs de la vacuité ont pris le trône des esprits. La pauvreté n’est plus matérielle, elle est intellectuelle. L’éducation n’est plus un sanctuaire d’éveil, mais un gouffre moral.
Nous sommes à un carrefour périlleux. Si nous n’arrachons pas ce cancer à la racine, viendra un jour où nous n’aurons plus de médecin pour diagnostiquer, plus de juge pour rendre justice, plus de maître pour enseigner — seulement des imposteurs bardés de titres usurpés, dans une société dirigée par l’ignorance en habit doctoral.
Assez !
Assez de cette profanation du vrai diplôme !
Assez de cette profanation du sanctuaire scolaire et universitaire !
Assez de cette illusion vendue comme avenir !
Il faut une purge, une vraie. Une purification qui ne tienne pas compte de « qui connaît qui », mais de « qui le mérite réellement », de ceux qui portent l’éducation dans leur conscience, non dans leur portefeuille.
Et ce qui est caché, cher lecteur, est encore plus terrible.
Mais notre silence a expiré.
Nous le disons haut et fort :
Réforme de l’éducation, ou le déluge !