«Nous avons en 2022 (…) rédigé une feuille de route (…), nous tenons à ce (qu’elle) puisse être suivie», a déclaré hier dimanche 5 janvier le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot sur la radio privée RTL. «Mais nous observons des postures, des décisions de la part des autorités algériennes qui nous permettent de douter de l’intention des Algériens de se tenir à cette feuille de route. Parce que pour tenir la feuille de route, il faut être deux», a-t-il ajouté.
Bon ben si le ministre @jnbarrot dit que la #France estime que les raisons qui ont pu conduire les autorités algériennes à incarcérer l’algérien Sansal dans son pays 🇩🇿ne sont pas valables, peut-il donner une liste de ce que l’#Algerie a le droit de faire ou ne pas faire chez… pic.twitter.com/rvDhsjQFsf
— ۞Faïza۞🇨🇵🇩🇿🇪🇭🇵🇸 (@Faiza_etmoi) January 5, 2025
Venant d’un diplomate, cette déclaration relèverait de l’euphémisme, du moins pour ceux qui connaissent la vraie nature d’un régime viscéralement haineux, rancunier et belliqueux envers tous les pays de son voisinage.
Parlons clair, parlons vrai: le régime algérien est à l’origine de tous les problèmes de la région. Est-il besoin de rappeler qu’il est le parrain des groupes terroristes séparatistes au Mali, notamment « le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans » (JNIM) et « l’Etat islamique dans le Grand Sahara » (EIGS); du Cadre stratégique pour la défense du peuple de l’Azawad (coalition de mouvements politiques et militaires du nord du Mali)… ? Est-il encore besoin de rappeler son rôle déstabilisateur en Libye, voire en Mauritanie, pour ne pas parler du Maroc, contre les intérêts duquel il continue de comploter matin, midi et soir, depuis près de cinquante ans, en offrant le gîte, le couvert et les armes à la milice séparatiste du « polisario »… ?
Voyez, on pourrait allonger à l’infini le pedigree d’une junte algérienne qui n’a jamais voulu du bien à ses voisins, au nord comme au sud, mais passons car il y a une autre préoccupation.
Cas de Boualem Sansal: de quoi la peur de la junte algérienne est-elle le nom?
M. Barrot s’est déclaré «comme le président de la République, très préoccupé par le fait que la demande de libération adressée par Boualem Sansal et ses avocats a été rejetée» par le régime algérien. L’écrivain franco-algérien, incarcéré à Alger depuis le 16 novembre 2024, pour avoir exprimé un fait, soit la marocanité de l’ouest algérien, n’est que l’arbre qui cache une forêt d’exactions commises par un régime qui, à l’instar de toutes les dictatures, a peur de la vérité, de la libre expression, de la liberté d’opinion, dont les écrivains et les journalistes sont les véritables dépositaires. De Kateb Yacine à Kamal Daoud, en passant par l’écrivain kabyle Tahar Djaout, mort le 2 juin 1993, suite à un attentat dans la banlieue ouest d’Alger, les écrivains et journalistes algériens font figure de « damnés » dans une Algérie transformée en immense prison à ciel ouvert.
Critique du pouvoir algérien, Boualem Sansal, 75 ans, né d’un père d’origine marocaine et d’une mère algérienne, paie aussi le prix de cette « guerre » à l’intelligence menée par une junte totalement inculte et délibérément hostile. Comble de l’absurde, l »auteur de «2084: la fin du monde» est poursuivi en vertu de l’article 87 bis du code pénal, qui sanctionne «comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l’Etat, l’intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions».
Une accusation à l’évidence fabriquée de toutes pièces, de surcroît grotesque, puisque son véritable motif est de faire taire une voix libre et véridique.