Une nation peut-elle bénéficier dans son ensemble du succès de son équipe sportive sur la scène mondiale? La question a été posée par Lynn C. Pasquerella, animatrice de l’émission radio The Academic Minute, produite par la station éducative américaine WAMC-FM, à Anass Bari, ancien lauréat de l’Université Al Akhawayn, actuellement professeur d’informatique à l’Université de New York où il dirige le Laboratoire AI and Predictive Analytics Lab.
« Pour étudier cette question, j’ai développé des algorithmes pour mesurer le sentiment dans les articles de presse sur le Maroc avant et pendant la Coupe du monde. J’ai constaté que le sentiment était presque neutre avant la Coupe du monde, mais que le sentiment positif a augmenté de 150 % pendant le tournoi », a répondu l’expert marocain.
L’affirmation, relevée dans la bouche d’un éminent spécialiste, conforte le Maroc dans sa volonté de faire du football un élément essentiel de son soft power. Elle résonne, par ricochet, comme une réponse à ceux qui, par ignorance ou mauvaise foi, tentent misérablement de mettre en doute la pertinence du pari du Royaume sur le Mondial 2030 pour réaliser un nouveau rebond dans sa marche vers le progrès.
Pour mieux comprendre l’impact du football « au-delà du terrain », le journal Le Collimateur reproduit, avec l’aimable accord de M. Bari, sa réponse intégrale à la question de Mme Lynn C. Pasquerella. Verbatim.
Par Anasse Bari
« En 1984, le quarterback du Boston College Doug Flutie a lancé une passe Hail Mary pour un touchdown de 48 yards, assurant ainsi la victoire contre les Hurricanes de Miami. Ce moment historique est devenu un outil marketing pour l’université, illustrant l’«effet Flutie», la théorie selon laquelle la réussite sportive peut stimuler les candidatures à l’université.
J’ai trouvé des preuves de cet effet au-delà de l’athlétisme en me concentrant sur la Coupe du monde 2022, lorsque le parcours remarquable du Maroc a suscité un intérêt mondial pour la nation.
Pour étudier cette question, j’ai développé des algorithmes pour mesurer le sentiment dans les articles de presse sur le Maroc avant et pendant la Coupe du monde. J’ai constaté que le sentiment était presque neutre avant la Coupe du monde, mais que le sentiment positif a augmenté de 150 % pendant le tournoi. Bien que l’augmentation de l’attention positive était attendue compte tenu des performances de l’équipe, a-t-elle eu un impact au-delà du terrain ?
Pour étudier cette question, j’ai créé des « indices Maroc » pour mesurer l’intérêt pour le pays dans son ensemble et pour son équipe de la Coupe du monde. Ces indices ont analysé les publications sur les réseaux sociaux concernant le Maroc avant, pendant et après la Coupe du monde.
J’ai découvert que les recherches en ligne sur des sujets non liés au sport et liés au Maroc ont augmenté de 400 % pendant et après la Coupe du monde. Cela comprenait des recherches sur la cuisine, la culture et les attractions du pays, avec des requêtes telles que « meilleure période pour visiter le Maroc », « visa pour le Maroc » et « couscous ».
Le sentiment mondial envers le Maroc est passé de neutre à une augmentation de 150 % en termes de sentiment positif pendant le tournoi. De plus, les recherches liées aux voyages et à la cuisine ont également augmenté de manière significative. La victoire du Maroc sur le Portugal a vu une augmentation de 4 527 % des mentions. Des termes comme « Voyage au Maroc », « Cuisine marocaine » et « Capitale du Maroc » ont été tendance sur les réseaux sociaux.
Le succès du Maroc à la Coupe du monde a suscité un intérêt dans le pays au-delà du sport et a peut-être influencé la décision de la FIFA de faire du Maroc le co-organisateur de la Coupe du monde 2030. Les données ont montré que le parcours de l’équipe a porté ses fruits de manière imprévue ».