Les informations en provenance de la Chine sur la résurgence de la pandémie de covid-19 sont très inquiétantes. D’autant que les autorités chinoises habituellement très discretes parlent de situation « extrêmement grave ». L’impressionnante armada déployée en matière de mobilisation médicale, de dépistage et de bouclage de la zone infectée dénote qu’il y a péril en la demeure. A preuve, il n’y a pas un pays au monde où on ne dénombre pas, chaque jour, de nouveaux cas testés positifs voire où l’on découvre des foyers de contamination ici et là. C’est ce qui se passe malheureusement au Maroc où bien avant la levée progressive de confinement, des clusters familiaux et professionnels ont apparu dans plusieurs villes.
D’ailleurs, il ne se passe pas un jour sans que la direction de l’épidémiologie en fasse cas et appelle la population à éviter les rassemblements et les chefs d’entreprise à respecter les mesures de sécurité sanitaire dans les lieux de travail (distanciation physique, contrôle de température, désinfection, masques, gel hydroalcoolique, etc.).
Malgré ces appels récurrents à la vigilance, des foyers d’infection continuent à germer dans plusieurs usines à Casablanca, Tanger, Berrechid et autres où l’on a recensé des dizaines de cas positifs. Après l’allègement du confinement et la reprise des activités économiques, ces foyers de contamination se sont multipliés dans les usines et dans les exploitations agricoles à Larache, Ksar El Kebir et Moulay Bousselham.
Lors de son intervention devant la chambre des représentants, ce lundi 15 juin, le ministre de l’Intérieur a tenu à préciser que 261 contraventions ont été établies contre les unités industrielles n’ayant pas respecté les mesures sanitaires.
L’autre source de propagation de la pandémie provient des lieux de rassemblement difficiles à maîtriser comme les marchés de légumes et de poisson. Rien qu’à Casablanca, on a recensé des dizaines de cas positifs dans le marché Badr à Bourgogne et la halle aux poisson à Sidi Othmane. Un certain relâchement commence à s’établir dans la capitale économique notamment dans des marchés structurés comme celui de Benjdia et ceux sauvages dans les quartiers populaires malgré les efforts colossaux déployés par les agents d’autorité et les services de police pour endiguer cette irresponsabilité collective face à un danger invisible.
Il faut se rendre à l’évidence: l’Etat ne peut pas mettre des policiers ou des Moqadems dans chaque quartier ou devant chaque maison quand certains citoyens irresponsables organisent des rassemblements chez eux.
C’est ainsi qu’en plein confinement, deux femmes ont transformé un salon de massage et un appartement en maisons closes où se retrouvaient les « marchandes » de sexe et leurs clients. A Marrakech, une soirée bien arrosée s’est soldée par la contamination d’un soldat et le dépistage systématique de tous ceux qui étaient présents ainsi que les personnes contactés. Une célèbre animatrice de tic toc a été arrêtée dernièrement après avoir publié une vidéo dans laquelle elle animait une soirée arrosée en déclamant des chants religieux!
C’est dire combien il est difficile pour les autorités publiques de procéder à la fois à l’assouplissement du confinement tout en continuant à faire respecter les règles de sécurité sanitaire face à des agissements aussi scandaleux. Les autorités publiques qui ont bien réussi la phase de l’état d’urgence sanitaire risquent d’avoir de grosses difficultés à maîtriser le déconfinement devant les risques de plus en plus élevés d’un rebond du coronavirus et l’insouciance de certains citoyens.
