Soupçonnée d’être un homme, une boxeuse algérienne passe « mâle » ses Jeux olympiques

L’Italienne Angela Carini a abandonné jeudi après moins d’une minute de son combat en huitième de finale (-66 kg) contre l’Algérienne Imane Khelif, présente dans le tournoi olympique malgré des taux élevés de testostérone qui l’avaient privée des championnats du monde.

 

 

Après un direct au visage adressé par Khelif, Carini s’est retournée vers son coin, signifiant qu’elle ne souhaitait pas continuer.

 

« Je suis montée sur le ring pour combattre. Je ne me suis pas rendue mais un coup de poing m’a fait trop mal et j’ai dit ça suffit », a déclaré après sa défaite la boxeuse italienne aux médias de son pays. « Je ne suis personne pour juger ou prendre une décision, si cette femme est ici, il y a une raison », a-t-elle ajouté.

« Toutes ces polémiques lui donnent de la force pour avancer », a de son côté déclaré l’entraîneur de Khelif, Mohamed Chaoua, à l’issue du combat.

« Je remercie le peuple algérien. C’est la première victoire, et j’espère obtenir la deuxième pour garantir la médaille. Ensuite, j’espère gagner une médaille d’or », a de son côté déclaré Khelif qui, ces derniers jours, a reçu le soutien de sa fédération qui a dénoncé une campagne de dénigrement « par des médias étrangers » la visant.

Un combat « à armes inégales »

La cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni a dénoncé « un combat qui n’était pas sur un pied d’égalité », ajoutant ne pas être « d’accord avec le CIO ». « Je pense que les athlètes qui ont des caractéristiques génétiques masculines ne devraient pas être admis aux compétitions féminines », a-t-elle dit, selon une vidéo postée sur X après le combat.

 

 

Idem pour Matteo Salvini, vice-président du Conseil des ministres en Italie et ancien ministre de l’Intérieur. « Bravo Angela, tu as bien fait ! », s’est-il exclamé sur X, avant de qualifier le combat de « scène vraiment pas olympique ». « Honte à ces bureaucrates qui ont autorisé un match qui n’était manifestement pas à armes égales », a-t-il également écrit.

 

 

Elon Musk, propriétaire de X, connu pour ses positions transphobes, a alimenté la polémique en repostant une publication selon laquelle « les hommes n’ont rien à faire dans les sports de femmes », suivie d’un hashtag en soutien à Angela Carini. J.K. Rowling s’est elle aussi fendue d’un tweet : « Expliquez-moi pourquoi vous acceptez qu’un homme frappe une femme en public pour le divertissement. Ce n’est pas du sport », a-t-elle écrit.

 

 

Khelif avait échoué l’année dernière à un test d’éligibilité de genre mis en place par la fédération internationale (IBA), l’écartant des Mondiaux.

Mais mardi, le comité international olympique (CIO) a soutenu sa présence, ainsi que celle de la Taïwanaise Lin Yu‑tin, qui avait été également exclue des Mondiaux et doit combattre vendredi. « Tous les concurrents respectent les règles d’éligibilité aux compétitions », a répété jeudi Mark Adam, porte-parole du CIO, qui avait ajouté qu’il était « établi que ce sont des femmes ».

« Le test de testostérone n’est pas un test parfait. De nombreuses femmes peuvent avoir un taux de testostérone égal à celui des hommes, tout en étant des femmes », a-t-il dit.

Selon la fiche de la boxeuse algérienne fournie par le CIO, elle avait été disqualifiée après « des taux élevés de testostérone » lors de ces Mondiaux. En ce qui concerne Lin Yu-ting, selon sa fiche, elle « n’a pas répondu aux critères d’éligibilité après un test biochimique ».

Avec AFP