L’arrêté conjoint du ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, et du ministre délégué auprès du ministre de l’Économie et des Finances chargé du Budget, qui fixe les plafonds du soutien à la presse, suscite une vive indignation au sein de l’Union des Petites Entreprises de Presse (UPEP). Et pour cause, cet arrêté sert les intérêts des médias inféodés à l’actuel gouvernement et aux lobbies financiers, au détriment d’une presse libre, indépendante et pluraliste. Communiqué.
« Le bureau exécutif de l’Union des Petites Entreprises de Presse s’est réuni, ce mercredi 27 novembre 2024 à Rabat, pour examiner les nouveautés concernant le soutien destiné au secteur de la presse, de l’édition et de la distribution.
Après avoir pris connaissance de l’arrêté conjoint n° 2345.24, du ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, et le ministre délégué auprès du ministre de l’Économie et des Finances chargé du Budget, qui fixe les plafonds du soutien à la presse, l’Union a exprimé sa position face aux conditions jugées injustes et discriminatoires envers les petites entreprises de presse, tout en favorisant les grandes entreprises de presse.
L’Union déclare à l’opinion publique nationale ce qui suit :
– Son refus total des conditions imposées par cet arrêté conjoint, notamment celles ajoutant des critères exorbitants non mentionnés dans le décret du 22 décembre 2023, tels que l’exigence d’un coût minimum de production et d’une masse salariale de 900 000 dirhams et d’un chiffre d’affaires annuel d’au moins 2 millions de dirhams, rendant ces critères inapplicables pour la majorité des petites entreprises de presse, déjà en proie à des difficultés financières.
– Ces conditions, contraires aux dispositions du décret précédent, traduisent une intention manifeste d’exclure, voire d’anéantir les petites entreprises de presse, afin de privilégier les grandes entreprises bénéficiant de relations opportunistes et intéressées.
– L’approche adoptée par le gouvernement reflète une volonté d’accaparer le soutien public au profit de grands groupes de presse liés à des intérêts privés, menaçant la diversité médiatique et entraînant des conséquences graves, comme le licenciement de milliers de journalistes.
– L’arrêté conjoint inclut illégalement les imprimeries et les sociétés de distribution, détenues exclusivement par de grands groupes de presse, leur permettant également de bénéficier du soutien public avec un plafond global de 6 millions de dirhams chacune, en plus de plafonds de salaires et de coûts de production atteignant 15 millions de dirhams, ce qui garantit à ces entreprises un soutien annuel exorbitant dépassant 27 millions de dirhams, malgré des activités commerciales sans rapport direct avec la presse.
– Ces mesures favorisent la concentration médiatique entre les mains de quelques grandes entreprises influentes, souvent liées au gouvernement.
Par conséquent, l’Union :
- Annonce à l’unanimité le boycott de ce soutien et rejette catégoriquement l’implication dans ce système, laissant le budget de 2,6 milliards de dirhams aux grandes entreprises proches du gouvernement.
- Reste attachée à l’ouverture du marché des annonces judiciaires, administratives et publicitaires aux petites entreprises de presse, afin qu’elles puissent en bénéficier équitablement.
- Défend fermement les droits des petites entreprises de presse et s’engage à annuler cet arrêté, considéré comme une menace à la durabilité de la presse indépendante et un renforcement de la domination médiatique des grands groupes.
- Réaffirme son exigence de critères justes et transparents pour l’accès au soutien public, afin de garantir l’égalité des chances et de préserver la liberté de la presse et le droit à une information indépendante.
Enfin, l’Union appelle les autorités concernées à revoir d’urgence les conditions imposées et à les adapter aux réalités des petites entreprises de presse, tout en se réservant le droit d’utiliser tous les moyens administratifs et juridiques pour défendre ses membres. Elle promet de continuer à offrir un service médiatique malgré ces défis ».