Le président sortant Nicolas Maduro, 61 ans, a été réélu pour un troisième mandat à la tête du Venezuela, mais l’opposition revendique la victoire et refuse les résultats proclamés dimanche soir, heure locale, par le Conseil national électoral (CNE) qu’elle accuse d’être aux ordres du pouvoir. L’opposition a reçu le soutien rapide d’une partie de la communauté internationale.
Selon les résultats officiels, Nicolas Maduro, héritier de l’ancien président Hugo Chavez (1999-2013), a obtenu 5,15 millions de voix, devant le candidat de l’opposition Edmundo Gonzalez Urrutia avec un peu moins de 4,5 millions (44,2 %), après le dépouillement de 80 % des bulletins et une participation de 59 %.
Le résultat est « irréversible », a annoncé le président du CNE, Elvis Amoroso, homme de confiance du pouvoir qui avait notamment déclaré inéligibles plusieurs dirigeants de l’opposition quand il était contrôleur des comptes, avant de devenir président du CNE. Il fait partie des personnes sanctionnées par les États-Unis pour leur rôle dans la crise vénézuélienne.
L’opposition revendique « 70% des voix »
« Nous avons gagné » avec « 70 % des voix », « le Venezuela a un nouveau président élu et c’est Edmundo Gonzalez Urrutia », a aussitôt déclaré la charismatique cheffe de l’opposition Maria Corina Machado. Elle n’avait pu se présenter car déclarée inéligible par le pouvoir et a fait campagne pour Edmundo Gonzalez Urrutia, un diplomate discret qui l’a remplacée au pied levé.
« Nous savons tous ce qui s’est passé aujourd’hui. Et lorsque je dis que tout le monde sait, je commence par le régime lui-même », a assuré Maria Corina Machado. « Toute la communauté internationale le sait, même ceux qui étaient autrefois des alliés. »
L’opposition, qui espérait mettre fin à vingt-cinq années de pouvoir chaviste, était pourtant confiante. « Les résultats ne peuvent être occultés. Le pays a choisi un changement en paix », avait écrit Edmundo Gonzalez Urrutia sur X.
Les Etats-Unis expriment de « sérieux doutes », le Chili et l’Argentine aussi
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a exprimé de « sérieux doutes » sur le scrutin lundi depuis le Japon : « Nous craignons sérieusement que le résultat annoncé ne reflète pas la volonté ou le vote du peuple vénézuélien. » Même son de cloche du côté du président – de gauche – chilien Gabriel Boric : « Le régime de Maduro doit comprendre que les résultats qu’il publie sont difficiles à croire. » Il a prévenu que « le Chili ne reconnaîtra aucun résultat qui ne soit pas vérifiable ».
« DICTATEUR MADURO, DEHORS ! ! ! » a écrit sur X le président argentin, Javier Milei. « Les Vénézuéliens ont choisi de mettre fin à la dictature communiste de Nicolas Maduro. » Le Costa Rica et le Pérou ont également rejeté le résultat proclamé.
Maduro célèbre sa « victoire » comme si de rien n’était
Insensible à ces réactions, le président Maduro, vêtu d’un survêtement aux couleurs du Venezuela et salué par un petit feu d’artifice et des drones, est sorti sur une scène près du palais présidentiel de Caracas pour fêter sa victoire avec ses partisans, chantant « Vamos Nico ! ».
« Il y aura la paix, la stabilité et la justice. La paix et le respect de la loi. Je suis un homme de paix et de dialogue », a-t-il dit, alors que la campagne et le scrutin se sont déroulés dans une ambiance tendue, l’opposition dénonçant de nombreuses intimidations et arrestations.
Malgré des sondages donnant l’opposition largement en avance et une crise économique sans précédent, Nicolas Maduro, qui s’appuie sur l’appareil militaire, s’est toujours montré sûr de sa victoire. Il avait même évoqué un « bain de sang » en cas de succès de l’opposition.