De la difficulté d’exercer la mission de diplomate en Algérie
Dans les pays touchés par de graves troubles, il n’est pas de tout repos d’être diplomate, mais au moins les choses sont claires. On sait à quoi s’attendre en Syrie, Libye, Venezuela, Iran…
Le pire c’est être diplomate dans un pays ambigu vivant dans le simulacre et les effets d’annonce ! Un quotidien fait de « grisaille » et de « malvie » pour les citoyens et les étrangers. Un régime qui veut vendre l’apparence d’une supposée bonne gouvernance! Un semblant de sécurité et de prospérité ! Et un pseudo leadership ubuesque !
Selon de nombreux observateurs, Alger est une des destinations les moins prisées pour exercer une mission diplomatique. Partout dans le monde, le diplomate est considéré comme un interface, le représentant d’un pays ami qui contribue aux échanges et au partage, mutuellement bénéfiques, dans tous les domaines de la coopération. Investissements, commerce, agriculture, industrie, éducation, recherche, culture, etc.
Pour en rester à l’économie, l’ absence d’une vision économique cohérente ne permet à aucun ambassadeur de faire un bon job de coopération à ce niveau en Algérie. Décisions contradictoires, revirements, ultimatums, chantiers lancés et interrompus, menaces de rétorsions, préemption, arrestations abusives de managers étrangers… L’illisibilité est totale y compris pour les représentations de puissances économiques comme l’Allemagne, France, Japon, Corée du Sud…
Par contre, le régime d’Alger voyant la main de l’étranger partout… peut pointer une représentation étrangère comme un nid d' »espions » cherchant à « nuire ». Et surtout si ce pays est africain et ne partageant pas la thèse fumeuse de la junte d’amputer le Maroc d’une partie de son territoire… alors là, il est mis à l’index!
Et même… quelles seraient ces avancées industrielles, technologiques, scientifiques, ou ce modèle sociétal… à « espionner » en Algérie? Rien !
En fait, le seul truc à « suivre » pour les représentations étrangères… et avec inquiétude sur l’avenir de ce pays et son grand peuple… c’est le hirak et le feuilleton de la guerre des clans militaires qui s’emprisonnent les uns les autres… dans une atmosphère de fin de règne.
Chaque clan attend son heure en usant de toutes les manœuvres possibles !! La rotation des clans militaires sur le pouvoir, c’est le seul type d’alternance admise et concevable en Algérie…
Fin de mission et soulagement
C’est pour cela qu’il faudrait voir dans le fait que le consul marocain à Oran regagne son pays… un soulagement et une respiration pour la personne de M. Aherdane Boutaher. De plus, ce qui lui est reproché n’a pas été établi !
Le départ du consul marocain va être vendu comme une « victoire contre l’ennemi » et une « réalisation grandiose des généraux ».
Or, ce départ n’ajoutera pas un point au PIB algérien, ni calmera le hirak, ni restaurera une économie archaïque abîmée par la rente et la corruption, ni réglera la mauvaise gestion de la crise sanitaire,….
Le départ du consul Aherdane Boutaher coïncide aussi avec le départ de l’ambassadeur de France Xavier Driencourt, n’en pouvant plus d’ exercer dans un pays complètement décalé.
Il a déjà confié il y a plusieurs mois aux médias qu’il ne souhaitait plus rester à son poste en raison de mauvaises relations avec le pouvoir algérien.
Il y a quelques jours, il a été assez fin pour déclarer: « S’il y a une chose que je ne peux pas modifier, c’est ma date de naissance qui conditionne la date de mon départ en retraite. Donc effectivement, ma retraite est prévue de très longue date et donc mon départ d’Alger ». Mais on sent chez lui le grand Ouf ! Fin d’une mission impossible dans un pays à la dérive! La France lui cherche un remplaçant!!
Les observateurs avertis souhaitent bon courage aux successeurs… car c’est une pénible « parenthèse » dans un parcours aux Affaires Étrangères que d’être diplomate en Algérie !!
Sauf bien sûr pour les diplomates d’Iran, de Syrie, d’Afrique du Sud… et ceux qui sont alignés sur l’anti-marocanisme d’Alger… la seule musique agréable aux oreilles des généraux !!
Rappelons que Bouteflika, malgré sa duplicité, avait une réelle carrière diplomatique. Il avait côtoyé les grands au siècle dernier et il savait mesurer les conséquences de ses actes et ses réactions.
Quant à ceux qui gèrent aujourd’hui les affaires de l’Algérie, ils sont dans l’inexpérience et même dans l’amateurisme total en diplomatie!