Adieu frangin !

Ce matin, j’ai appris la terrible nouvelle par mon ami écrivain Ahmed Massaïa. Richard Martin, directeur de l’emblématique Théâtre Toursky à Marseille, est décédé hier lundi à l’âge de 80 ans.

« Adieu Richard ! Adieu le meilleur et le plus fou des saltimbanques. Adieu l’oiseau migrateur transportant de pays en pays, de continent en continent, les mots qui pansent, les images qui embellissent et surtout les sentiments d’amour qui rassemblent. Avec toi, au Toursky, j’ai connu des êtres exceptionnels qui te ressemblent de toutes les religions, de toutes les cultures menant tout ce beau monde dans l’une des plus belles Odyssées qui restera gravée dans notre mémoire. Unique et irremplaçable, tu squatteras à jamais ce haut lieu de la culture: Le Théàtre Toursky. … et nos coeurs. Repose en paix Richard Martin », écrit Massaïa, en hommage à ce comédien et metteur en scène exceptionnel, que j’ai eu le plaisir et le privilège de connaître en 2001 à Marseille, point de départ de la plus folle, de la plus belle et de la plus audacieuse aventure pacifique qu’ait jamais connue le monde au début de ce IIIe millénaire.

 

 

« L’Odyssée de paix », un périple effectué en trois éditions 2021, 2023 et 2009 (voir Carnet de voyages publié sur lecollimateur.ma) sur un navire de guerre roumain transformé en bateau-théâtre pour un petit tour sur la pointe des vagues en Méditerranée (France, Espagne, Algérie, Tunisie, Libye, puis, Italie, Monténégro, Albanie, Grèce, puis Autriche, Slovaquie, Hongrie, Serbie, Bulgarie et Roumanie).

Votre modeste serviteur a eu la chance d’embarquer dans cette aventure, certainement la meilleure de ma carrière trentenaire en journalisme, pour porter une parole de paix dans un monde qui ne se découvre plus de visage humain, où la loi du plus fort a fait place à la loi du plus ignoble.

« Nous faisons la guerre à la guerre », répétait Richard Martin à chaque escale, du haut de la tourelle de la « bête de guerre » baptisée du nom de la ville roumaine « Constanta » et mise gracieusement à la disposition de centaines d’artistes et journalistes méditerranéens, dont l’auteur de ces modestes lignes et mon ami Ahmed Massaïa, alors directeur de l’Institut supérieur d’art dramatique et d’animation culturelle (ISADAC).

Une perte cruelle pour les artistes et les amis de la paix, que Richard a eu le mérite de rassembler en dehors de toute distinction de couleur, de culture ou de religion.

Que puis-je dire de plus de Richard, qui m’appelait « frangin »?

En cette pénible circonstance, ma foi, les mots me manquent pour rendre à Richard ce qui appartenait à Richard.

PS: Je te demande pardon de n’avoir pu accomplir l’ultime voeu que tu m’as adressé le 7 juillet 2022 sur mon Messenger: « Tu peux aussi venir à Marseille quand tu veux ou plutôt quand tu peux. Je travaille jusqu’à la fin juillet au festival d’Avignon avec une pièce de VISNIEC qui marche très fort « Petit boulot pour vieux clown ». Si tu passes par là, c’est au théâtre du Balcon, après, je reste à Marseille tout le mois d’août, on t’attend si tu veux rester quelques jours à Marseille.

Je t’embrasse.

À presto. Amitié forte

Richard ».

Mes condoléances les plus attristées à la famille du défunt et à toute l’équipe du théâtre Toursky.