CARNETS DE VOYAGE. ODYSSÉE DU DANUBE. À BORD DU THEODOR KÖRNER, CE GRAND BATEAU DE CROISIÈRE FLUVIALE!!

Dimanche 2 septembre 2007, à la tombée de la nuit, le MS Theodor Körner quitta Vienne et mit le cap sur Bratislava, capitale de la Slovaquie. À bord de ce grand bateau de croisière fluviale, construit en 1965 dans le style Art déco et baptisé du nom de l’ancien président autrichien le social-démocrate Theodor Körner, il y avait pas moins de 135 passagers, dont l’auteur de ces lignes.

Reconnaissable entre tous, ce bateau de tradition avait l’air d’une scène flottante. Ici, des partitions improvisées par ce qui allait devenir « l’Orchestre international de la paix » ; là, un montage poétique en préparation ; ailleurs, des journalistes interviewant des Sherpas de « l’Odyssée du Danube », à leur tête l’archer des archers, Richard Martin. Un spectacle haut en couleurs s’offrait au regard des « historiens de l’instant », qui étaient là pour fixer, – avec leurs plumes, leurs caméras ou leurs enregistreurs audio-, les moments exceptionnels de cette belle escapade poético-artistique. Des messagers de l’amitié, et de la fraternité entre les peuples, en dehors de toute distinction de couleur, de religion, de langue ou de culture.

Une conviction que n’ont entamée ni les aléas climatiques, ni les fatigues bleues du fleuve Danube, encore moins ces petits  malentendus surgissant ici ou là entre compagnons de route. Dire combien les archers étaient soudés, unis et solidaires. Une seule chaîne humaine se formait autour de cette belle idée humaniste: «Nous sommes faits pour nous entendre».

Les passagers, de quelque horizon qu’ils fussent, ont apporté, à qui voulait voir, la preuve que la coexistence était bel et bien possible.

À l’approche de Bratislava, une formidable complicité se noua. Alors que les matelots se préparaient à lever le drapeau slovaque, les musiciens à peine rencontrés improvisèrent un bel air en hommage à « l’Odyssée du Danube ».

Bratislava, porte d’entrée dans ce petit pays de l’Europe centrale, est à portée de regard. Un ami slovaque se mit à expliquer, dans un français approximatif, les mystères de cette ville millénaire qui, à l’instar de Budapest en Hongrie ou Vienne en Autriche, fut la ville de couronnement des rois. «Bratislava est aussi la ville de la culture par excellence. Chaque année, sont organisés de nombreux événements culturels», poursuit l’ami slovaque, égrenant le chapelet des imposants édifices historiques que compte cette ville. Le Centre historique alors fraîchement rénové, où l’on peut découvrir des fontaines et ruelles romantiques, des édifices et palais baroques, comme celui que la Municipalité de Bratislava nous fera visiter au lendemain de l’arrivée du bateau à Bratislava. Un véritable bijou de l’art baroque, où l’empereur français Napoléon eût signé son traité de paix avec les pays européens occupés. Un beau voyage dans le temps nous a été offert dans cet impressionnant édifice, qui respire l’histoire.

Au-delà des visites guidées à travers les sites historiques de Bratislava, un beau moment de rencontre se passera entre public et aventuriers de « l’Odyssée du Danube ». L’étape Bratislava devait marquer le lancement du programme culturel de notre périple. L’Orchestre international de la paix fera sa première apparition publique. Et ce fut un succès retentissant!! Au beau milieu des musiciens, émergea la diva marocaine du chant melhoun Touria El Hadraoui, qui fit palpiter les colonnes du vieux et néanmoins prestigieux édifice de l’Institut français de Bratislava. Les chants du melhoun envoûtèrent l’audience, qui en redemanda. Le public n’avait pas besoin de warming, il avait vite épousé la cadence tant scène et parterre fusionnaient dans cette belle ambiance festive.

À notre retour, une autre belle surprise nous attendait sur le Theordor Körner. Bouchra Ahrich, qui m’accompagnait lors de ce périple, improvisa un skectch avec une jeune comédienne-poétesse algérienne, prénommée Ibtissam. Coïncidence: les textes poétiques que l’une et l’autre avaient apportés étaient du même auteur: Ahmed Lemsayeh, une figure de la poésie dialectale marocaine (Zajal). Il s’agissait des recueils « Petites lettres » et « Qui a brodé l’eau ? ».

Une grande joie explosa quand les deux comédiennes apparurent dans leurs beaux caftans sertis d’atours. Une bel exemple de fraternité maroco-algérienne. Objectif atteint par l’Odyssée. «Un périple de convivialité, de rencontres culturelles et musicales, de fraternité entre les peuples», se félicite mon ami Ahmed Massaïa, ancien directeur de l’ISADAC. Après Bouchra et Ibtissam, un autre grand moment de poésie était au rendez-vous. Deux comédiennes tchèques étaient venues de Prague, Tchéquie, pour offrir aux passagers des lectures théâtralisées de textes de grands poètes tchèques, dont l’ancien président Vaclav Havel.