Le 23 juillet 2003, une insistante et néanmoins curieuse envie me prit d’aller à la rencontre de mes compatriotes établis à Athènes. Hicham El Koudia, ami d’enfance résident, me fit une surprise. « Je t’invite au café « Casablanca », tout près du centre d’Athènes»!!, me proposa-il, sans se rendre compte de l’effet de son offre. « Y A UN CAFÉ « CASABLANCA » À ATHÈNES?!!! », me demandai-je, un brin sceptique.
A 19 heures, la terrasse du « Café Casablanca » était bondée!! «C’est ici que nos compatriotes se donnent rendez-vous chaque soir», me dit la serveuse. L’odeur du thé à la menthe flattait de loin les narines, il ne restait alors que les beignets pour compléter le décor!!!
Le dépaysement n’avait pas lieu d’être au Café « Casablanca »… l’air du bled y était fort présent!!
Seulement voilà, les opportunités d’emploi étaient rares à Athènes. A part les travaux saisonniers, liés à la cueillette des fruits de saison et à l’activité touristique, la plupart de nos ressortissants se tournent les pouces!!
La situation est encore plus compliquée pour les sans-papiers. Profitant de l’absence de visa pour la Turquie, anti-chambre de la Grèce, de la porosité des frontières, surtout pendant l’hiver, plusieurs dizaines de Marocains notamment des jeunes «brûlent» chaque année vers la Grèce!!! Souvent, ces derniers ne doivent leur «survie» qu’à l’intervention salutaire d’anciens immigrés devenus au fil des épreuves des champions de la débrouillardise. Trop souvent, ils offrent à leurs compatriotes le gîte et la nourriture.
À l’opposé d’autres pays d’Europe, la politique migratoire des autorités grecques est de loin la plus sévère.
«J’habite à Athènes depuis 20 ans, j’ai dû faire des pieds et des mains pour trouver un loyer», se plaint Mustapha, dont la peau du visage semblait tannée par tant d’années d’épreuves. «LE POISON DE MON PAYS VAUT MIEUX QUE LE MIEL DES AUTRES», fit-il , à juste titre.
«Cela fait 12 ans que je suis en Grèce, c’est à peine si j’arrive à joindre mes deux bouts. Quant à ma famille qui s’est endettée au Maroc pour m’envoyer ici, cela fait un bail que je ne lui ai envoyé un sou»!!, déplore cet autre ressortissant.
Las, bien d’autres compatriotes ne demandent qu’à rentrer!!
Le lendemain, dès l’aube, retour par avion à Casablanca, après une brève escale à Milano.