Moufdi Zakaria, auteur de l’hymne national algérien « Kassaman » (Nous jurons), est de retour, 47 ans après son décès en exil à Tunis. Alors que la polémique repart de plus belle entre Alger et Paris autour d’un passage de cet hymne demandant à la France de rendre des comptes de ses crimes coloniaux: « Ô France ! Voici venu le jour où il te faut rendre des comptes », un autre poème de feu Moufdi Zakaria a fait soudainement surface de ce côté-ci. Il s’agit d’un poème écrit durant l’exil marocain du poète algérien dans les années soixante-dix, précisément au lendemain de la Marche verte le 6 novembre 1975. Dans ce poème, extrait de son recueil « Sous l’inspiration de l’Atlas », feu Moufdi prend ouvertement parti pour la marocanité du Sahara, envers et contre l’ex-dictateur algérien Houari Boumediene, de son vrai nom Mohammed Boukharrouba.
« La respectabilité du Sahara marocain a été souillée par les corbeaux/ elle a été trahie par ceux qui se sont couchés devant ses spoliateurs/… », peut-on en effet lire dans ce recueil.
Dans ce recueil, feu Moufdi Zakaria rend également un hommage à feu SM Mohammed V (qui l’a décoré de la médaille du Mérite intellectuel du premier degré, le 21 avril 1961) et à feu SM Hassan II, qui avait donné en 1976 ses hautes instructions pour éditer le recueil au Maroc.
48 ans après, on ne peut être que consterné en constatant que ce recueil est tombé dans le trou béant de l’amnésie. Et pourtant son importance pour la première cause nationale n’est pas à démontrer… On aurait simplement dû penser à le rééditer et, pourquoi pas?, le mettre en musique et le faire interpréter par l’Orchestre national marocain …
Cette idée, si simple puisse-t-elle paraître, fera très mal aux caporaux d’Alger…
Voici le poème dédié par feu Moufdi Zakaria à la marocanité du Sahara:
صحراؤنا دنس الغربان حرمتـــها
وخانها من إلى جلادها ركــــنوا
قالوا : براح، وفي دعواهموا كذبـوا،
لا بدع، فالمين من أخلاقهم سنـــن
سألوا الوثائق، فالتاريخ يحفظـــها
وسائلو الكون عنها يشهد الزمـــن
واستفتت ( لاهاي ) واستنطق نزاهتها
تنبئك من نبتوا فيها ومن سكنـــوا
دم المغاربة الإبطال ضخمــــها
وما استكانوا لظلام وما وهنـــوا
قالوا : اقتراع، فقلنا : بل نقارعكـم
فتهزمون، ويبقى اللحد والكفـــن