CARNETS DE VOYAGE. PÉRIPLE DE PAIX EN MÉDITERRANÉE. LA VIE SUR LE NAVIRE DE GUERRE, UN PETIT VILLAGE FLOTTANT!!!

Exit Agrigente, perle bleue de la Sicile. Place à Kotor, capitale de la république du Monténégro (ex-Yougoslavie). Les eaux turquoise de l’Adriatique sont encore loin. Mais chacun avait ses occupations. A bord du navire de guerre, les conditions sont peu confortables; les consignes, fermes. A 7 heures du matin, je suis réveillé au clairon. Les lève-tard n’ont qu’à bien se tenir: ils sont non seulement privés de la pourtant incontournable douche de la matinée mais doivent aussi évacuer les plats du petit déjeuner auquel ils n’ont pas eu droit et faire la vaisselle en guise de punition!!!

Me connaissant le réveil difficile, le cuisinier et néanmoins ami roumain, Boruzi, a souvent fait preuve de compréhension, à la faveur d’une complicité qui se noua facilement. Il était aisément repérable à sa bedaine, ses joues rebondies et ses yeux souriants. Son sens de l’humour tranchait avec l’air grave de ses collègues.

Un jour, il a voulu me faire une surprise. Il savait que le plat préféré des Marocains le vendredi, était le Couscous.  Alors, il s’est débrouillé pour en faire le menu principal de tout l’équipage du navire. Ce n’était pas tout à fait du Couscous mais il ne fallait pas en faire un plat!!!

«Il faut que tu viennes faire un stage au Maroc», ai-je dit à notre ami cuistot, le ton léger. Il n’en pas fallu un mot de plus pour le voir jubiler: «Ouais!»

Il m’a raconté avoir toujours rêvé de visiter Casablanca. « Je ne connaissais Casablanca qu’à travers le film de Michael Curtis. Mais j’imagine déjà sa beauté», fait-il, rêveur. «Prendre un thé à la menthe sur la terrasse de Risk-café, rien qu’à y penser… je me rends heureux», soupire-t-il en s’imaginant déjà sillonner les ruelles mystérieuses du quartier La Scala, où fut tourné le film Casablanca en 1942.

Plusieurs cadets roumains m’ont confié avoir caressé ce rêve depuis qu’ils ont vu le film de Michael Curtis. Pour me le prouver, l’un d’entre eux avait même rédigé un poème dédié à ma ville natale, Casablanca. Un matin, j’ai trouvé le texte épinglé sur le journal de bord!!!

Sur ce journal de bord,  s’affichaient encore pêle-mêle les coupons des articles de presse consacrés à « l’Odyssée » par nos confrères siciliens. Un beau feuillet émerge du lot: «La Festa del Mediterraneo» (la Fête de la Méditerranée), paru sur «Il Giornale del Sicilia», l’un des plus lus de la presse sicilienne. Un come-back tout en couleurs sur notre escale à Agrigente. D’autres titres, à l’instar de «La Sicilia», «La Gazetta del Sud», n’avaient pas manqué de donner à l’événement sa véritable dimension.

Richard Martin, maître d’oeuvre de ce beau petit tour de la Méditerranée, était sur un nuage. Le soir, une grande fête était prévue sur le navire. A 20 heures, l’héliport était paré de guirlandes et de petits ballons multicolores. Des tables y avaient été installées ; une petite estrade, également. Le «Constanta» avait les allures d’une salle de fête flottante. Pour ceux qui ne connaissaient pas les langues des uns et des autres, pas de problème: la musique ne connaît pas de langue, ni de frontières. Au milieu de l’héliport, des cadets de la Marine ouvrent la danse et voilà tout le bateau tanguer au rythme de l’accordéon. C’était parti jusqu’au lever du jour…

Le port de Kotor, au Monténégro, est à portée de regard. « Welcome to my City », me dit Bogdan, en me gratifiant d’une chaleureuse poignée de mains…