Réseaux sociaux: un 5ème pouvoir?

Au milieu des nombreuses interrogations relatives à notre avenir plus ou moins immédiat, sous-entendu l’ère post-confinement, il est un esclandre qui secoue la toile made in Morocco.

Le texte de loi 22.20, toujours à l’étape de projet, fut discuté ou discutaillé -selon l’interprétation de chacun- en conseil de gouvernement le 19 mars dernier.

Les quelques extraits fuités dudit projet prévoient entre autres choses des peines d’emprisonnement et des amendes pour celles ou ceux qui feraient des appels à boycott ; à l’instar du large mouvement de 2018.

Ce texte préparé par l’exécutif devra passer par la case législateur avant de pouvoir entrer en vigueur ; mais l’on peut d’ores et déjà constater le tollé qu’il provoque vu ses dispositions liberticides.

Le flou entretenu par les autorités allumant le feu de la discorde digitale vient en rajouter à ce sentiment d’opacité quant à une disposition réglementaire qui serait punitive.

Mis à part le débat sur le fond, je souhaiterais m’arrêter sur cette conscience citoyenne chez nos concitoyens de tout bord, encouragée il est vrai par les médias sociaux.

Ces outils à la disposition de tout un chacun émergent en tant que quatrième pouvoir bis, en sus du rôle classiquement dévolu aux médias dits traditionnels.

La liberté de parole est un des baromètres de la solidité d’une nation à mon sens, et il serait vain de prétendre la museler ou l’amoindrir surtout au temps des algorithmes et des réseaux.

Les points gagnés lors de la gestion courageuse de cette pandémie mondiale sont des acquis qu’il serait dommage de perdre à cause d’un projet de loi, dont les dispositions n’ont pas encore été étudiées par la cours constitutionnelle.

Il est un autre fait, qui est l’égalité -tous niveaux d’études confondus- d’accès au monde extérieur afin de faire entendre librement sa voix, quand bien même elle serait noyée dans le flot ininterrompu de l’info en temps réel.

Une démarche de communication transversale avec la population, gageure de transparence, serait salutaire pour l’autorité, puisqu’en fin de compte la démocratie n’est qu’une majorité relativement consensuelle.

Nous vivons une ère où la majorité des décisions gouvernementales seront inévitablement rapidement connues du public, une communication appropriée avec une approche pédagogique est donc à souhaiter.

Il y aura toujours une certaine méfiance des administrés vis-à-vis de leurs gouvernants, ceci est un sentiment humain, mais prenons garde à ne pas entretenir cette tendance.

Au pire, si cette loi finit par passer, il nous restera à débiter la maxime romaine: Dura lex, sed lex (la loi est dure mais c’est la loi).