Paris- Maati KABBAL*
Il est des festivals qui sont l’ADN d’une ville. Ils la dotent de vie, d’un nouvel élan, d’une nouvelle dynamique pour le bonheur et le bien-être des habitants et des visiteurs. Le festival du film méditerranéen Arte Mare de Bastia en Corse, qui boucle cette année ses 40 ans, en fait partie.
Derrière cette manifestation se tient une équipe de volontaires orchestrée avec amour par sa présidente, Michèle Corrotti. Dans l’argumentaire du programme, il est indiqué que le festival méditerranéen, fort de ses quarante ans d’âge et de la liste de ses invités prestigieux, est connu et estimé. Sa longévité lui donne dans l’île une place privilégiée et lui assure de multiples concours en Méditerranée.
Nombre de cinéastes ont souvenir d’y avoir présenté un film, d’y avoir obtenu un prix. Il unit intimement le film corse et le film méditerranéen tout en gardant par sa thématique une possibilité d’ouverture plus large sur l’histoire du cinéma. Il s’attache aussi bien aux premiers films d’étudiants qu’aux œuvres, promises à une brillante carrière, de cinéastes reconnus.
Un festival certes dédié au cinéma, mais largement ouvert à la littérature, le conte, la musique, la peinture etc…
Du 30 septembre au 9 octobre, Bastia se transformera ainsi en un creuset culturel pluriel avec la participation d’écrivains, réalisatrices et réalisateurs, peintres, conteurs, parmi lesquels: Roschdy Zem, Mahi Binebine, Nabil Ayouch, Rachid Koraïchi, Pierre Salvadori, Sapho, Dany Laferrière, Avi Mograbi, Hiam Abbass, Maati Kabbal, Noémie Lvovsky, Stéphane Solier, Radu Muntean, Laurent Delmas, François-Régis Gaudry, Chef EMAD, Marie-Jeanne Tomasi, André Rigaut, Julie Ruocco, Sylvia Cagninacci, François d’Artemare, Patrick Raynal, Fatema Hal, Antoine Filippi, Jean-François Luccioni , Lydie Mattei, Annick Peigné-Giuly, Philippe Ortoli…
Notons que depuis 40 ans, le festival a réservé une place de choix aux Maghrébins, notamment aux invités marocains; à cette occasion, la communauté marocaine de Bastia ne manque pas de venir rencontrer et échanger avec les artistes et les écrivains marocains. La programmation sera ainsi ponctuée par les quelques temps forts suivants:
Les avant-premières:
– Harka- du réalisateur Lotfy NATHAN – Tunisie
– RNM – Cristian MUNGIU – Roumanie – La Pacte
– La grande magie, Noémie Lvovsky- France – en présence de la réalisatrice
-Nos soleils – Carla Simon – Catalogne
– Mediterranean fever – Maha HAJ – Chypre, Palestine
– Les miens de Roschdy Zem – France – en sa présence
– Les Années Super 8 d’Annie Ernaux et David Ernaux-Briot, 1 h 02.
– Mauvaises filles de Emérance Dubas
-L’astronaute de Nicolas Giraud
Christophe… Définitivement d’Ange Leccia et Dominique Gonzalez-Foersted en présence d’Ange Lessiva.
Les films en compétition:
8 films présentés par Denis Parent
Nostalgia – Mario MARTONE – Italie – 19.10 – ARP Sélection 1h57
La conspiration du Caire – Tarik SALEH – Egypte – Memento 2h05
– Le bleu du caftan – Maryam TOUZANI – Maroc – Ad Vitam 1h58 en sa présence – Les repentis – Espagne – Epicentre 1h56
– Les harkis (Harkis) de Philippe Faucon – Pyramide 1h22
– Under the fig trees (Sous les figues – تحت الشجرة ) d’Erige Sehiri – Tunisie 1h32
Alma viva de Cristèle Alves Meira – Portugal 1h28 – Burning Day – Emin ALPER – Turquie – 2h08
En Littérature, l’attribution du prix Ulysse/ chemin de fer de la Corse est une séquence importante de la programmation. Depuis 2001, Arte Mare organise ce prix dont le délégué est François-Michel Durazzo. Le Prix Ulysse ira cette année à l’ensemble de l’œuvre Dany Laferrière, canado-haïtien, journaliste, écrivain, scénariste, réalisateur et académicien.
Depuis son roman Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer jusqu’à L’enfant qui regarde, en passant par L’énigme du retour (prix Médicis), Dany Laferrière construit son autobiographie américaine. Une œuvre qui illumine les nuits de ses lecteurs et lui a valu son élection à l’Académie Française.
A un moment où la Méditerranée est l’objet de toutes les attentions ( théâtre de drames à répétitions, espace à la merci de l’érosion, du réchauffement et de la dégradation), ce festival vient nous rappeler que les cultures et les arts restent un rempart solide pourvoyeur d’images, de récits, d’imaginaire et de beauté. Justement, la beauté n’est-elle pas une vocation de la Corse, appelée l’île de beauté?
*Journaliste-Écrivain