Ahmed Faras, le premier ballon d’or africain du Maroc (1975), n’a pas d’égal non seulement dans son extraordinaire talent de footballeur mais aussi en tant que joueur discipliné. Le jeune homme qui avait commencé sa carrière avec le Chabab de Mohammedia n’a pas changé d’un iota quand il est devenu un attaquant redoutable à l’échelle nationale et africaine.
Il aurait pu devenir une star au niveau international s’il avait accepté une offre du Real Madrid et d’autres clubs européens. Mais Ssi Ahmed comme l’aime à l’appeler les Fédaliens, est un casanier dont la discrétion frise la timidité. A Mohammedia, il rasait les murs en marchant au pas cadencé pour ne pas être gêné par les sollicitations de ces multiples fans. Même en devenant capitaine de l’équipe nationale, il parlait peu et accordait peu d’interviews à la presse nationale. Toute sa vie était consacrée au Chabab avec lequel il avait remporté plusieurs titres dont la coupe du Trône et le championnat du Maroc. A part le Chabab, toute sa passion était dirigée vers la sélection nationale qu’il avait menée à son premier et dernier sacre de la coupe d’Afrique des Nations en 1976 à Addis-Abeba.
Assurément Faras demeure le meilleur joueur que le football national ait donné après l’indépendance. Buteur inné mais aussi et surtout un joueur complet doté d’une puissante frappe de balle et tout aussi efficace avec son jeu de tête. Son agilité et sa subtilité, il les a sûrement acquises en jouant au hand et au basket au sein du collège Ibn Yassine (devenu lycée) dans le début des années soixante. Il se distinguait aussi par son jeu sans ballon, ses dribbles et ses placements déroutants ainsi que ses passes décisives millimétrées.
Pendant la trêve de l’été, il caressait toujours le ballon sur la plage du centre-ville de Mohammedia en organisant des matchs avec ses copains. Pendant ses temps de loisir, il aimait jouer au billard et quand il était en concentration avec l’équipe nationale, il jouait aux cartes avec son ami, le talentueux et inoubliable Petchou.
Feu Larbi Benbarek disait de lui : «Faras, c’est le grand monsieur du football national». Un avis partagé par un autre grand professionnel des années 50 et 60 en l’occurrence Hassan Akesbi :«Il est de la lignée des joueurs qui ont fait le renom du football marocain».
Mais comme il est de coutume chez nous, on achève bien les joueurs de pur sang car à part un modeste emploi à la Samir et puis au CIH, Ahmed Faras n’a pas eu ce qu’il mérite et avait vécu des moments difficiles.
Digne et très réservé, il ne s’en est jamais plaint à part à ses plus proches amis qui le poussaient à frapper à la bonne porte mais il n’a jamais osé faire ce pas.
Sacré homme et sacré joueur !