Le film documentaire « La mémoire musicale amazighe à Casablanca » retrace et réaffirme l’enracinement de cet art dans la capitale économique du Royaume, a affirmé Tahar Darif, membre de l’association “Yennayer ».
Dans un entretien accordé à la MAP à l’occasion de la projection de ce film produit par l’association Yennayer en partenariat avec l’Institut Royal de la culture amazighe (IRCAM), M. Darif a souligné que la ville de Casablanca a constitué toujours un pôle national pour la musique amazighe sous toutes ses formes.
Les doyens de la musique amazighe qui se sont établis à Casablanca ont profité de la présence de sociétés de production dans la capitale économique, ce qui leur a permis d’enregistrer et de commercialiser leurs chansons, a rappelé l’acteur associatif, notant que ces artistes ont acquis une notoriété au niveau national, et ont pu tisser des liens avec les Marocains d’Europe et ainsi faire connaître leur musique à l’étranger.
Par ailleurs, M. Darif a relevé que ce film documentaire fait la lumière sur les étapes historiques phares de la musique amazighe à Casablanca ainsi que sur ses figures de proue, allant de la période d’avant protectorat avec l’école musicale fondée par le Rais Sebou, en passant par les années 80 avec le groupe Archach jusqu’aux Rways amazighs, tels Hada Ouâkki, Benasser O Khouya, outre l’expérience des artistes amazighs de confession juive.
Le film tente aussi de documenter cette expérience riche et de donner la parole aux doyens qui sont encore en vie, étant donné que la musique amazighe est un “patrimoine national” que partagent tous les Marocains.
Les réalisateurs du film ont essayé de constituer une base de données sur la présence historique de la musique amazighe à Casablanca notamment lors de la période du protectorat, qui a été marquée par une accélération de l’urbanisation de la métropole, et par une grande migration de la population amazighe de l’Atlas et du Souss vers Casablanca, a-t-il expliqué.
M. Darif soutient que les artistes amazighs ont contribué à l’enrichissement de la scène artistique casablancaise et nationale, faisant savoir que nombre de troupes musicales marocaines telles que Nass El Ghiwane et Jil Jilala se sont même inspirées du patrimoine musical amazigh.
Le filme documentaire tend aussi à attirer l’attention sur la situation que vit actuellement la musique amazighe, a-t-il poursuivi, estimant que l’art amazigh traverse une crise avec la disparition des cassettes audio et des CD, la baisse du nombres de concerts et la rareté des occasions où les artistes amazighs apparaissent sur les chaines nationales publiques, ce qui a eu un grand impact sur les revenus de ces artistes.
A cet égard, M. Darif a appelé les autorités publiques à soutenir la musique amazighe, qui souffre actuellement en silence et à instaurer une “discrimination positive” pour leur permettre d’accéder à un large public et ne pas se limiter au public implanté dans les régions amazighophones pour préserver cet “affluent majeur de l’identité nationale”.
Le film documentaire « La mémoire musicale amazighe à Casablanca » a été projeté dans l’espace Maison des jeunes Hay Hassani à l’occasion du lancement des festivités de la semaine amazighe dans le cadre de la célébration de l’avènement du nouvel an amazigh (Yennayer 2972).